Le cameroun sous l'emprise de la fausse monnaie

Mini ferme est une rue qui serpente le quartier Melen du Centre Hospitalo-universitaire jusqu’à l’école des travaux publics – située dans le sixième arrondissement de Yaoundé, ce lieu-dit connu pour sa pléthore de bars, gargotes, snacks, salles de jeu et belles-de-nuit- est également depuis quelques temps, réputée être une véritable flaque-tournante de distribution de la fausse monnaie dans la cité capitale voire dans notre pays. Sous le couvert de petits commerces qui y fleurissent à la tombée de la nuit, se cachent en réalité d’inextricables réseaux de faux-mon-nayeurs et de distributeurs constitués de fournisseurs, d’échangeurs, de guetteurs et cetera. Comme dans toutes les organisations du crime organisé, la loi de l’omerta y est de vigueur. Un riverain des lieux, la cinquantaine entamée raconte sous anonymat : «Les histoires de faux billets courent les rues ici à Mini-ferme. Il y a presque deux mois de cela, un individu a été arrêté par les éléments du commissariat du 13ème arrondissement, alors qu’il essayait de vendre de faux billets à une dame du côté de Total Melen, cette dernière avait en effet été mis-sionnée par la police. Le piège s’est donc naturellement renfermé sous ce faux-monnayeur. D’ordinaire, à la tombée de la nuit, ce bonhomme s’installait dans cette station d’essence avec des sacs de faux billets en coupures de 2000 FCFA, 5000 FCFA et 10.000 FCFA… qu’il proposait aux chauffeurs de taxi et aux passants». Et à notre interlocuteur de poursuivre : «Ces gens sont très bien organisés, ce sont des réseaux extrêmement huilés. J’ai assisté il y a deux semaines environ à une affaire similaire, de faux billets. Un fonctionnaire de passage dans le coin est allé acheter trois boites de sardine à 1000 FCFA chez un petit vendeur- un gars du nord-L’infortuné a donné un billet de 10.000, il a reçu en échange 5000 FCFA (un vrai billet) et deux faux billets de 2000 FCFA. Sans aucune vérification préalable, le pauvre a empoché son argent et est réparti. C’est alors qu’il voulait prendre un taxi pour regagner son domicile que le pot de rose à été découvert. Revenu auprès du petit vendeur, la situation a failli dégénérer. Le petit «vendeur» bandit qui est en réalité un échangeur de faux billets qui aurait pu craquer, en reprenant ses deux faux billets de 2000 FCFA- a été dissuadé par ses complices, qui ont accusé le fonctionnaire d’avoir monté cette affaire de toute pièce. Pour ne pas créer du grabuge, la victime est répartie.» Au terme d’une enquête rondement menée, il ressort clairement qu’une fois la nuit tombée, de fortes sommes de faux billets chiffrées en millions- coupures de 1000, 2000, 5000 voire 10000 FCFA – sont soigneusement cachées dans des valises à l’intérieur des auberges. Des agents de change sont chargés d’écouler cette fausse monnaie auprès des petits vendeurs voire des belles-de-nuit, qui pullulent dans cette rue mal famée, de nuit contre des commissions au prorata des montants échangés. Selon des sources concordantes, les usines de fabrication de ces faux numéraires se trouveraient au quartier Briqueterie à Yaoundé. Pour rappel, en Avril 2019, trois faux-monnayeurs, les nommés : Innocent Ngani 35 ans, Abanda Etienne Tanuy 30 ans et Félix Fonuy 28 ans avaient été appréhendés par les éléments du groupement territorial du Mfoundi, alors qu’ils essayaient d’injecter 200.000 FCFA dans le circuit. Unique dét.omina-teur commun, tous ces délinquants avaient pour point de repère soit la Briqueterie ou alors Melen.


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