Transfert market. La valeur marchande de ceux évoluant au pays est la plus inférieure dans le monde entier. Un sérieux problème pour la carrière de milliers de joueurs. C’est l’intersaison, le moment des transferts dans le monde du football. La période de rêve pour les footballeurs. Passer d’une équipe moins bonne à une plus ambitieuse, une ambition légitime. Alors que les footballeurs des championnats du monde peuvent rêver des sollicitations des clubs d’ailleurs, les footballeurs Camerounais se remettent aux prières et autres jérémiades des agents de joueurs, véritables « dieux vivants ». Alors que les inconditionnels du championnat camerounais remarquent souvent une ascension fulgurante d’un joueur qu’on imagine dans un club d’un grand championnat, il sort du champ et n’est retrouvé que quelques années plus tard dans un championnat exotique d’Ousbekistan, du Guatemala, du Pakhistan ou d’Oman. Des trajectoires qui auraient pu être meilleures, si les joueurs de nos championnats d’élite avaient une meilleure visibilité. Un responsable administratif d’une équipe de football pétrit d’expérience tente de l’expliquer sous anonymat : « Quand vous regardez les âges des footballeurs évoluant au pays, ils sont entre 25 et 30 ans, pour ceux qui évoluent comme titulaires dans nos clubs. Ils savent que la carrière n’est plus très longue, et il ne leur reste qu’un voyage à l’étranger pour gagner leur vie. Une vie qui risque d’être très compliquée dans les 20 prochaines années, et nos clubs ne leur proposent rien. Notre championnat aussi n’est pas sur internet, aucune statistique ne peut parler pour eux. Même quand on veut un joueur dont vous avez le profil, on ne peut voir ses chiffres nulle part. Alors, cela devient très compliqué pour eux de se faire transférer dans les championnats sérieux. Il ne leur reste que l’aventure. Souvent, certains réussissent, mais la majorité arrivent dans ces pays exotiques et passent à autre chose ». Le Cameroun perd donc une bonne partie de ses joueurs qui ont pourtant déjà fait des preuves sur les terrains du pays, et le football camerounais prend des coups. La faute à l’absence des chiffres sur la toile des joueurs et des équipes de nos championnats. Les agents de joueurs accusés de négriers des temps modernes préfèrent ne pas répondre, eux aussi à visages découverts : « Nous avons tous les problèmes du monde, pour transférer nos joueurs. Nos championnats ne peuvent pas être contrôlés à distance, comme les autres à partir d’un ordinateur. Il faut faire des pieds et des mains pour se faire au moins écouter et arracher un test pour un joueur du Cameroun. Et même si un joueur de nos championnats est aux portes de l’équipe nationale, sa valeur marchande est presque nulle, car on ne peut avoir ses performances à partir des statistiques publiées en temps réel. Il n’y a pas de site au Cameroun qui travaille dessus, il n’y a que quelques articles souvent faits à dessein, pour essayer de convaincre. Pour les autres championnats du monde, vous tapez juste le nom du joueur sur Google, et vous avez toutes les informations. Le transfert devient facile. A qui la faute ? Aux médias ou aux responsables de la fédération ? Nous ne savons pas. Mais la vérité c’est que les joueurs du Cameroun sont difficiles à mettre sur le marché des transferts. Ce sont nos relations qui peuvent aider à transférer les chanceux ». Le constat est pathétique : au Cameroun, aucun club n’a un site internet, et le site de la fédération camerounaise de football n’offre pas meilleur confort. La toile vous offre Wikipedia, si vous demandez des informations sur le football camerounais. Des informations qui n’ont même pas été actualisées depuis plusieurs années. Pour le grand moteur de recherche, le championnat de ligue 1 du Cameroun a toujours 14 clubs. Une information vieille comme le monde.
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