Solidarité gouvernementale : Les premiers couacs de l'équipe Dion Ngute

La cacophonie observée sur la crise anglophone vient de mettre la cohésion du gouvernement à rude épreuve. Le président Paul Biya avait à peine formé le premier gouvernement du septennat des «Grandes opportunités» qu’il prescrivait déjà à ses ministres, le 16 janvier 2019 en Conseil ministériel, «le renforcement de la solidarité et de la cohésion gouvernementales, comme gage d’efficacité». Un rappel comme un avertissement, le chef de l’Etat s’étant toujours montré très soucieux d’avoir un gouvernement qui affiche son unité. Le pari n’a pas souvent été tenu. Et le gouvernement du Premier ministre Joseph Dion Ngute n’a pas dérogé à la règle. En moins d’une semaine, l’équipe gouvernementale s’est illustrée par une cacophonie sans précédent sur la crise anglophone. Les sorties contradictoires du Premier ministre Joseph Dion Ngute, de son ministre de l’Administration du territoire (Minat) Paul Atanga Nji et de Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité sociale – influent membre du parti au pouvoir -, ont fait craqueler le verni de la solidarité affichée du gouvernement. En mission de conciliation dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest il y a quelques jours, le Premier ministre a en effet annoncé que le président de la République était disposé à discuter de tout, excepté sur la sécession. En d’autres termes: le fédéralisme peut être négocié.Quelques heures plus tard, il est contredit par son ministre de l’Administration territoriale qui soutient que la forme de l’Etat n’est pas négociable. Position qu’il va réitérer quelques jours plus tard sur les antennes de France 24. Un troisième membre du gouvernement tente de réconcilier ces deux déclarations pour le moins contradictoires. Mais le ministre Grégoire Owona, pressé de clarifier la position du gouvernement, va déclarer sur un plateau de télévision le 19 mai que seule la déclaration du chef du gouvernement fait foi. C’est le tollé dans l’opinion. Au-delà de ce qui apparaît comme une cacophonie, c’est une animosité feutrée qui se dessine en filigrane entre membres du gouvernement, sur fond de différence d’approche dans la résolution de la crise.En effet, selon le journaliste et analyste politique, Alex Gustave Azebaze, l’imbroglio entre les deux personnalités ne nait pas avec la sortie du Minat Paul Atanga Nji. « Le Pm aurait souhaité que le Minat, par ailleurs responsable local du parti au pouvoir, ne fit pas partie de sa délégation. Du moins l’étape inaugurale de sa tournée», révèle-t-il.«Une prévention à l’égard de ce haut commis de l’Etat largement perçu comme un des faucons de la galaxie Biya qui aura manifestement fait long feu. Ce ministre s’étant bel et bien retrouvé autour de la même table lors de certaines rencontres et/ou sorties du Premier ministre lors de l’étape inaugurale de Bamenda », rapporte-t-il.


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