Dans la Vallée du Ntem, Nabil Njoya est au cœur d’une accusation. Le chef de Nyabizan en veut au sultan des Bamoun. En effet, Patrice Mve Menye I reproche à Nabil Mbombo Njoya d’avoir dépêché un émissaire sur ses terres sans l’en avoir informé, après les échauffourées des 03 et 04 mars. Une délégation dépêchée par le sultan roi des Bamoun et conduite par Seidou Njimoluh Njoya, s’est rendue le 17 mars dernier à Nyabizan (Sud), « pour réconforter les populations dont la quiétude a été troublée par les événements tragiques des 03 et 04 mars suite au décès suspect de deux jeunes », indique dans un communiqué daté du 21 mars, le chef de Nyabizan, Patrice Mve Menye I. L’envoyé spécial du palais Bamoun était allé non seulement apporter une assistance financière aux deux familles des victimes à hauteur de 150.000 Fcfa chacune, mais aussi manifester la solidarité du sultan envers les pêcheurs dont les pirogues ont été détruites lors des affrontements. Il leur a remis une enveloppe de 800.000 Fcfa pour aider à la réparation de leurs embarcations. En effet, des membres de la communauté autochtone (Bulu) s’en étaient pris violemment aux ressortissants du Nord et du Noun, suite au décès dans des conditions qui restent à élucider, de deux des leurs (un homme de 34 ans et un adolescent de 17 ans). Ils soupçonnaient des pêcheurs appartenant à l’une de ces communautés d’être derrière ces assassinats sur lesquels les autorités ont annoncé une enquête. S’il dit remercier le sultan des Bamoun pour son geste, le chef de Nyabizan regrette dans le communiqué mentionné supra, « le fait de n’avoir été ni informé ni consulté préalablement à cette visite » ; or, « au-delà d’une courtoisie élémentaire, cela aurait permis de préparer les Nyabizanais en amont à cette présence massive sur leurs terres », poursuit-il. Il en veut donc à son homologue d’avoir manqué l’élégance de l’associer à une telle démarche qui, a priori, visait pourtant l’apaisement. « Par ailleurs, la chefferie de Nyabizan souhaite que l’hommage rendu aux victimes des incidents des 03 et 04 mars ne soit pas profané par des considérations financières », car, estime S.M Patrice Mve Menye I, « les familles éprouvées dans leur chair ont droit au respect de leur dignité ». Pour ce qui est de l’assistance aux pêcheurs, il a été convenu « de concert avec le représentant du sultan, que l’enveloppe allouée soit consignée à la comptabilité de la chefferie, en attendant que toutes les conditions d’exercice de la pêche à Nyabizan soient de nouveau réunies, notamment : l’identification des propriétaires des embarcations détruites et le recensement des pêcheurs possédant réellement un permis de pêche ». Et le chef de préciser : « advenant le cas où l’argent serait partiellement ou totalement inutilisé, la chefferie Nyabizan restituera tout ou partie au royaume Bamoun. La chefferie Nyabizan réaffirme enfin son engagement à œuvrer pour l’apaisement et la cohabitation pacifique », et dit rejeter « avec la dernière énergie toute tentative de récupération politique de cette tragédie ». A Nyabizan, s’est développée ces dernières années un grand brassage culturel favorisé par l’activité de pêche qui se développe en amont de l’aménagement hydroélectrique de Memve’ele, sur le fleuve Ntem.
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