Depuis sept mois, le chef de l’Etat a été invité à prendre part à cette rencontre par son homologue russe, Vladimir Poutine. Après avoir pris part à la 6e conférence de reconstitution du fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme à Lyon, du 09 au 10 octobre, Paul Biya qui était arrivé en France la veille de l’ouverture de cette rencontre, a regagné Yaoundé dans l’après-midi du 12 octobre dernier. Un retour plutôt précipité, si l’on se réfère aux usages en matière de séjours (privés ou officiels) du chef de l’Etat en Europe. L’agenda du président de la République n’est pas connu, mais Paul Biya serait rentré précipitamment au Cameroun pour préparer son voyage en Russie où se tient, du 22au 24 octobre prochain dans la ville balnéaire de Sotchi, le tout premier sommet Russie-Afrique. Son carton d’invitation, envoyé par le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine lui-même, lui a été remis en mains propres depuis le 27 mars 2019 par l’ambassadeur de Russie au Cameroun, Anatoly Bashkin. En marge de ce sommet dont l’objectif est de jeter les bases d’un resserrement des liens entre la Russie et les pays africains pris individuellement, se tiendra un forum d’affaires. Selon Jeune Afrique, beaucoup d’Africains seront à la manœuvre lors de cette rencontre inédite. Notamment le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, son commissaire au commerce, le Zambien Albert Muchanga, l’ambassadeur d’Égypte en Russie, Ehab Nasr, etc. Le Nigérian Benedict Oramah, patron d’Afreximbank que l’on dit très introduit à Moscou, est coorganisateur du sommet, tandis que le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, coprésidera le sommet avec Vladimir Poutine. Le représentant spécial de Vladimir Poutine pour le Moyen Orient et l’Afrique, Mikhail Bogdanov, parle sans phares : « la Russie entend non seulement rétablir la situation qu’elle avait, mais aussi accroître ses relations avec l’Afrique, dans un respect mutuel ». En effet, à l’apogée de l’Union soviétique, il y avait une forte influence russe en Afrique, rappelle fort opportunément le géostratège et enseignant associé à l’institut des relations internationales du Cameroun (Iric), Jimmy Yab. « Les gouvernements post-indépendance de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau, de la République démocratique du Congo, de l’Égypte, de la Somalie, de l’Éthiopie, de l’Ouganda et du Bénin ont tous reçu un soutien diplomatique ou militaire de l’Union soviétique. Mais, cela a commencé à changer après l’effondrement de la superpuissance en décembre 1991. Plus d’un quart de siècle plus tard, le président Vladimir Poutine semble avoir de nouvelles aspirations en Afrique », analyse-t-il (Mutations nO 4825 du 29 mars 2019). Grandes entreprises Pour mémoire, en 2014, le Cameroun et la Russie ont célébré 50 ans de coopération. A l’occasion, il avait été rappelé que, dans le secteur de l’éducation, l’Ecole des eaux et forêts de Mbalmayo et l’université de Dschang ont bénéficié d’importants appuis de la Russie. Par ailleurs, plus de 2000 étudiants camerounais ont été formés en Russie depuis 1964. En avril 2015, le Cameroun a paraphé avec cette puissance un accord de coopération militaire et technique. Dans la foulée, le pays de Vladimir Poutine avait mis à la disposition de l’armée camerounaise des armes et des équipements militaires sophistiqués de dernière génération, pour combattre Boko Haram. Il avait également déployé dans le pays, 1900 tonnes d’aide alimentaire destinée aux réfugiés que le pays accueille, pour un montant d’environ 3 milliards Fcfa. Au plan économique, la présidence de la République avait annoncé en 2015, que le Cameroun bénéficierait de plus en plus de l’expertise russe dans le domaine de l’industrie et de l’énergie, avec la participation des banques et de grandes entreprises venues de Russie. Le sommet de Sotchi pourrait donc servir de base à la matérialisation de ces promesses et engagements. Une aubaine pour le Cameroun qui a tant besoin de ressources non seulement pour continuer à supporter ses dépenses sécuritaires, mais surtout pour financer ses projets infrastructurels, principalement dans les deux secteurs précités.
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