Retour sur le scrutin du 9 février : la chute libre d'ali bachir dans la vina

Après 17 ans à l’Assemblée nationale, le député a été battu selon les résultats du dépouillement des votes le 09 février dernier. Le jargon politique local dans l’Adamaoua s’est fortement enrichi lors de la campagne électorale pour les législatives et municipales du 09 février dernier. Par des chansons en langue fulfulde devenues célèbres et dont le message principal était «O Djippou tan», c’est-à-dire «il va seulement descendre», les militants de l’Undp à Ngaoundéré sont montés au front Le slogan très usité va s’étendre aux autres départements de I’Adamaoua. La réplique ne va se faire attendre. Des militants du Rdpc vont répondre : «O Djippata», « Il ne descend pas I». Le «il» dont il était question, n’était personne d’autre que le député sortant de la Vina, Ali Bachir, tête de liste du Rdpc pour les législatives. Et des politologues de parler de «dérision politique pour pouvoir scénariser la chute politique de certains candidats». Toujours est-il qu’au soir du 09 février dernier, l’Adamaoua était interconnectée pour suivre ce qu’il est advenu du candidat Ali Bachîr. De Ngaoundéré à Banyo, en passant par Meîganga, Tignère et Tibati, les lignes téléphoniques et les réseaux sociaux ont facilité l’accès à cette information d’intérêt régional. «0 Djippi ?», c’est-à-dire «Est-il tombé ou descendu ?». La question n’a eu de cesse de brûler les lèvres jusqu’au petit matin du 10 février dernier. Il fallait alors se rendre compte que la liste conduite par Ali Bachir, constituée des honorables Zoubainatou à Bélel et Koulagna Abdou à Mbé, est hors de course. D’ailleurs, le cas Koulagna Abdou va défrayer la chronique à Mbé, quelques jours avant le scrutin du 09 février dernier. Le député sortant est alors accusé de viol sur une mineure de’ 15 ans. Mais joint, Koulagna Abdou ne se reconnaît dans ces faits, décriant , le sabotage et accusant une manipulation funeste du père de la «victime» qu’il dit être proche du candidat de la liste de l’Undp dans la circonscription électorale de Mbé. Une terrible histoire à mettre peut-être dans le registre de la « dérision politique» avancée par les politologues ? En tout cas, des scènes de liesse populaire ont même été observées à un certain moment’ des opérations de dépouillement dans la Vina, des partisans de l’Undp se rendant compte que leur champion Abba Alim enregistre des scores magistraux. Et de finalement se conforter à l’avance d’un taux assurant la majorité absolue en faveur de l’Undp aux législatives dans la Vina. Et le dernier espoir de partage nourri par certains affidés d’Ali Bachir est totalement amenuisé. Une autre question demeure pourtant : pourquoi ce vent de contestation populaire contre la liste conduite par Ali Bachir dans la Vina, 17 ans après avoir été le porteur d’espoir de la circonscription ? «Il y a eu beaucoup de promesses non tenues. A quoi ressemble la ville de Ngaoundéré aujourd’hui ? Certes, le député vote les lois et contrôle l’action gouvernementale. Mais Ali Bachir, dans sa stature d’entrepreneur ayant gagné des marchés de réhabilitation des routes notamment, s’est attiré l’antipathie des populations de la Vina, du fait du non ou mauvaise exécution de ces marchés. Le paradoxe, c’est que cette population s’est pratiquement vue narguée, voyant ses élus rouler carrosse avec des cylindrées. C’est tout comme ses colistiers qui ont quelque peu brillé soit par leur absence, soit par une certaine arrogance envers la population», croit savoir un cadre du Rdpc à Ngaoundéré. Cette population justement, a grommelé l’investiture d’Ali Bachir aux élections législatives du 09 février dernier. Sans doute que si l’opportunité lui avait été offerte de procéder aux primaires, elle ri’aura pas hésité à «chasser» précocement le député sortant, comme c’était le cas avec l’ex maire de Ngan-Ha, Nana Missa. Mais ce peuple s’est rattrapé, démontrant que son pouvoir est inaltérable, en attendant la proclamation des résultats par le conseil constitutionnel.


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