Les juges ont estimé que les éléments de preuves suffisants sont réunies pour que l’ancien ministre de la Défense et ses coaccusés dont son épouse apportent leurs versions des versions des faits sur la dizaine de griefs retenus contre eux, au sujet de la gestion qualifiée de scandaleuse des «20 mai» et des procédures d’acquisition d’effets militaires. Dans quinze jours, le 2-5 mai 2021, Edgard Alain Mebe Ngo’o doit mouiller le maillot pour démontrer son innocence clamée devant le Tribunal criminel spécial (TCS). Sans surprise, lundi dernier, 10 mai, la collégialité des juges en charge de l’examen de l’affaire qui l’oppose au ministère public et à l’Etat du Cameroun a estimé les éléments de preuves suffisants réunies et l’a invité comme ses coaccusés impliqués dans la procédure à se défendre sur les différents griefs retenus contre chacun d’eux. L’ancien membre du gouvernement a annoncé, comme ses compagnons d’infortune dont son épouse Bernadette, qu’en plus de son témoignage, il a des éléments de preuves à verger aux débats et des témoins à faire entendre. En fait, la décision du tribunal d’entendre l’ancien ministre de la’Défense (Mindef) et ses coaccusés est intervenue à la suite du réquisitoire intermédiaire du ministère public. En matière pénale, c’est une phase qui succède la présentation par l’accusation des éléments de preuve ou l’audition des témoins à charge. Durant trois longues heures, le ministère public s’est attardé sur les griefs retenus contre chaque accusé. En fait, lors des audiences précédentes, la défense dénigrait la stratégie adoptée jusqu’ici par l’accusation qui donnait l’impression de jouer à cache à cache. Il est particulièrement reproché à M. Mebe Ngo’o d’avoir perçu des pots de vins lors de la signature de certains marchés entre 2010 et 2015 en vue de l’acquisition du matériel militaires et la préparation de la fête nationale du «20 mai». Selon l’accusation, les marchés allégués étaient tantôt payés sans les pièces justificatives de la réalisation de la commande, tantôt surfacturés. Ce qui a induit le détournement présumé de 230 milliards de francs. Le parquet affirme que grâce aux irrégularités indiquées les accusés ont pu s’offrir un «impressionnant parc immobilier» au pays et parfois à l’étranger, dont il a donné lecture de la liste kilométrique des biens soupçonnés mal acquis. Le Français Robert Franchetti est le dirigeant de l’entreprise MagForce, spécialisée dans la vente du matériel militaire. Il fait partie des fournisseurs des effets militaires au centre de l’affaire. L’intéressé a été entendu par la Justice de son pays à la demande du juge d’instruction du TCS (commission rogatoire). Le ministère public a abondamment appuyé sur les extraits des déclarations faites par M. Franchetti lors de son interrogatoire devant la commission rogatoire. Selon ces extraits, le patron de MagForce avoue qu’il reversait à l’ancien ministre des commissions à hauteur de 8% du montant des marchés qu’il remportait au Mindef. Parfois, il donnait des espèces ou offrait aux accusés des cadeaux de diverses natures pour entretenir la «relation commerciale». Courroie de transaction Il indique par exemple que l’ancien ministre a requis son entregent afin de lui permettre d’acquérir un appartenant à Neuilly-Sur-Seine, un quartier huppé de Paris. S’agissant Mme Mebe Ngo’o, le ministère public affirme que la dame détenait le monopole de la confection des repas lors des cérémonies organisés au ministère de la défense durant le séjour de son mari à la tête de cette administration. «Les paiements étaient effectués en espèces», sans pièces justificatives de la réalisation des prestations. La dame disposait d’une entreprise de location de véhicules appelée Prestiges Limousine. Concernant Victor Emmanuel Menye, l’ancien directeur général adjoint (DGA) de la banque SCB, l’accusation estime qu’il a servi de «courroie de transmission» entre M. Franchetti, les époux Mebe et les autres accusés. Le parquet prétend que c’est grâce à son expertise que les montages frauduleux ont été réalisés. «Quand les banques françaises ont commencé à fermer les portes aux hommes politiques exposés, il a orienté M. Mebe Ngo’o vers ne filiale de al SCB». Ce qui aurait permis à T ex* ministre d’opérer un virement de plus de 300 millions vers des banques françaises. De plus, «en dépit de ses fonctions de DGA de la SCB, il était le gestionnaire des comptes de Mme Mebe Ngo’o». En rappel, l’ancien ministre passe en jugement avec son épouse en compagnie du lieutenant-colonel Joël’ MboutouA de l’inspecteur du Trésor Maxime Mbangue, tous deux anciens collaborateurs de M. Mebe Ngo’o au Mindef. Il est particulièrement reproché à M. Mebe Ngo’o d’avoir signé, le 12 janvier 2011, un mémorandum d’entente avec la société chinoise Poly Technologies Inc. Le juge d’instruction considère qu’il s’agit d’un «contrat commercial» d’une valeur de 300 millions d’euros, soit 196,8 milliards de francs. Le juge d’instruction situe aussi à environ 20,7 milliards de francs les gains supposés occultes engrangés par M. Mebe Ngo’o et compagnie à travers les marchés attribués à Mag Force International, LPS-Sarl et autres. Il estime que 21 marchés ont fait l’objet de surfacturations pour près de 2,7 milliards de francs. Que 29 marchés d’une valeur de 16,1 milliards de francs ont été réglés «sans pièces justificatives». Et qu’une somme totale de 1,68 milliard de francs a fait l’objet d’un déblocage total «en espèces et sans pièces justificatives», dans le cadre de l’organisation du défilé du 20 mai.
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