L’enseignant d’histoire de l’université de Yaoundé I, fait une lecture objective sur la capacité du désordre. En 1918, le lle Reich allemand fut vaincu. Ses propriétés coloniales africaines – entre autres notre pays – furent ravies. Son principal bassin industriel, la Rühr, fut occupé. Et des humiliants termes d’après-guerre lui furent imposés. Son pays sombra dans la dépression politique de la Wermarch Republik d’où, à terme, émergea, de façon tout à fait démocratique, le caporal et ex repris de justice Wolfgang Adolf Hitler. Il était improbable, d’un tableau si sombre, que ce soit ce pays sinistré qui crée la tourmente de 1939 à 1945 : plus de soixante millions de morts ; l’Europe et l’Asie ravagées ; toute la géopolitique internationale changée. Pourtant, c’est l’histoire aujourd’hui. Une seule chose a pu transformer ces faits en hideuse réalité : la capacité intrinsèque du désordre. Je vais vous en parler, en vous la montrant à l’œuvre dans notre pays… Le désordre est la déconstruction brutale ou systématique d’un ordre préexistant. Il n’y a pas de désordre sans une notion préalable d’ordre. L’ordre, par sa nature, est la patiente architecture d’un arrangement de choses ou de gens. Cet arrangement possède des qualités. Il est fonctionnel : on peut construire dessus. Il est négocié. Le rangement implique une sorte de négociation pour mettre chaque chose à sa place. Et c’est de lui que procède l’ordre. Le désordre conteste le rangement. Certes il se pourrait que le facteur de désordre ait, dans le principe, l’intention de substituer à l’ordre qu’il veut détruire, un nouvel. Mais jusqu’à ce que ce travail soit fait, ce qu’il proposera s’appellera désordre. Il défraiera le rangement d’auparavant et désorganisera l’emplacement des choses et des gens régis par cet ordre. Il les repartira en une organisation totalement dysfonctionnelle. En disant ceci, deux facteurs de désordre me viennent à l’esprit : le mouvement séparatiste et la nébuleuse mrciste au Cameroun. On ne peut les appeler autrement que des agents du désordre. Ils prétendront sans doute – comme je l’ai dit tantôt – avoir en programme, la vision d’un futur ordonné à leur façon et arrangé en leurs termes. Mais ce qu’ils font présentement, (et c’est seulement cela qu’ils peuvent faire), sera du désordre. Premier élément de désordre : la contestation brutale ou systématique de l’ordre préexistant. Ils n’en offrent pas de nouveau ; puisqu’ils n’en ont pas les moyens. Ils détruisent d’abord ce qui est ; en espérant que de ce chaos, naîtra un ordre nouveau. Deuxième élément : leur œuvre s’effectue dans une anarchie intelligente. Face à la structure d’ordre contestée, dépourvus de la cohésion d’une armée structurée, ils se sont réorganisés, tous, en nébuleuses anarchiques de groupes disparates poursuivant un but identique. Comme des microbes… Leur désordre est d’abord structurel. Ce qui a de la structure s’oppose à ce qui n’en a pas. Ça signifie qu’ils ne peuvent pas – même s’ils le voulaient – créer de l’ordre. Généralement, qui vise l’ordre implémente en premier un désordre conjoncturel. Le cuisinier qui prépare un repas, la ménagère qui arrange la maison, le maçon qui construit, gâtent d’abord. Ils disposent ce dont ils vont se servir dans une répartition, certes aléatoire, (et donc désordonnée), mais provisoire ; sans structure par conséquent. Le MRC qui se lance – et le pays avec – dans l’absurde contestation d’une victoire électorale où, dépourvu des arrêts juridiques légitimes, sans les éléments de gouvernement qui lui permettraient une politique, livre sur tous les terrains une guerre de terre brûlée où il attaque le camp adverse sur tout, partout ; ce MRC-là, est-il différent du mouvement ambazonien et de ses éprouvants lock-downs dont nul ne sait plus s’ils s’adressent au régime qu’il combat ou au peuple qu’il prétend libérer ? Observez à qui, fondamentalement, les deux nuisent le plus. Même si le discours structuré de leur citadelle d’anarchie vise le régime – qui, pour eux, n’a rien fait pour son peuple ; ni n’est capable de rien – c’est en pratique au pays lui-même qu’ils s’en prennent. Chacun de leurs gestes, même en apparence les plus altruistes, aura pour dessein de nuire au pays. Que ce soit au caritatif, au propagandiste ou même à l’idéologique, la philosophie de base de leur action demeure : créer du désordre. Le désordre ainsi implémenté souffrira de la structure de leur mouvement : il est diffus. Les Allemands du llle Reich ont imposé, à leur contraire, une structure compacte qui a agi comme une onde de choc ; violente, forte, mais limitée dans le temps. Eux seraient une espèce de gaz toxique qui empoisonne l’atmosphère en se répandant progressivement, axphyxiant tous ceux qui l’inhalent. Ses émanations putrescentes resteront longtemps dans l’éther en mortelles suspensions… C’est tout le bien qu’elles peuvent faire… Bonne respiration…
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