Paul biya contraint de réenchanter le peuple camerounais

37 ans après son accession à la magistrature suprême, Paul Biya est en demeure de produire à nouveau le rêve. L’an 37 du Renouveau national intervient dans un contexte politique, social et économique particulièrement difficile pour le Cameroun et son peuple. Sur le plan politique, les crispations liées à la crise post-électorale ont atteint un seuil critique. En dépit de la libération de Maurice Kamto et compagnie, la tension rôde. On a surtout le sentiment que le pouvoir est frileux. Les interdictions de manifestations et réunions publiques de l’opposition sont devenues monnaie courante. Seul le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) occupe la scène. Le parti au pouvoir l’occupe trop au point de donner l’impression d’être seul contre lui-même. Sur le plan économique, le résultat jugé insuffisant du Renouveau se traduit, au quotidien, par la montée vertigineuse du taux de chômage, estimé il y a cinq ans à 13%. Tout comme le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi évaluait à 70% le taux de sous-emploi. « Tous les chefs d’Etat au monde ont un bilan mitigé. Ce qu’on peut regretter, lorsque vous gouvernez, c’est qu’on est tenté de ne retenir que ce que vous avez de négatif. C’est le cas avec le Cameroun, à l’instar d’un train ou d’un avion qui est en retard », relativise Pascal Messanga Nyamding, membre du Comité central du Rdpc. L’enseignant d’université estime que « le Renouveau a été totalement plombé par la corruption. Une rectification doit s’opérer, car la corruption a échappé au contrôle du Rdpc et de l’Etat ». S’agissant de ce serpent de mer, l’enseignant de l’Iric fulmine: C’est cette corruption qui est à l’origine de la crise anglophone. Car, personne ne voulait correctement travailler. Le chef de l’Etat peut remédier à cela en repolitisant le gouvernement où il a privilégié des technocrates et des fonctionnaires sans moralité politique. Ce sont eux qui nous causent malheureusement des torts ». La crise anglophone, parlons-en. Déjà en guerre contre Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord et en proie à des soubresauts à la frontière Est, le pouvoir est en butte à un véritable casse-tête dans les régions du Nord-ouest et du sud-ouest. Déjà près de 3000 morts enregistrés en trois ans. Le grand dialogue national organisé pour trouver une solution à cette crise a accouché d’un ensemble de recommandations. La célébration du 37e anniversaire du Renouveau intervient juste à la veille de la session parlementaire dite des réformes, qui devrait s’ouvrir mardi prochain à Yaoundé. Le régime n’a pas d’autres choix que d’opérer des changements pour remonter sa cote de sympathie sérieusement entamée. Outre les mutations visant à décrisper dans les régions anglophones, un toilettage du code électoral est attendu, mais aussi une clarification de loi portant régime des réunions et manifestations publiques. Du reste, à en croire le philosophe Hubert Mono Ndjana, « pour qu’on ressente le changement, il faut poser des actes spectaculaires pour plaire au peuple. Il faut par exemple renouveler l’énergie de l’opération dite Epervier à tous les niveaux et faire des choix démocratiques à l’intérieur de l’appareil du Rdpc ». 37 ans après, plus que soumis à une obligation de résultat, Paul Biya doit renaître de ses cendres comme un phœnix.


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