Le dauphin de la présidentielle 2018 appelle désormais les Camerounais à s’inscrire massivement sur les listes électorales. Après le boycott par le MRC, son parti, des élections législatives et municipales du 9 février 2020. Certains analystes politiques critiquent une autre incohérence. Une de plus. Une de trop. Moqueries sur les réseaux sociaux contre le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) qui a, le 16 juillet 2020, invité les Camerounais à s’inscrire « massivement » sur les listes électorales. « Inscrivons-nous massivement sur les listes électorales. Les inscriptions cette année prennent fin le 31 août 2020 », lit-on sur la bannière portant la photo de Maurice Kamto. Le secrétaire général du MRC, Christopher Ndong indique qu’il s’agit, « cette fois-ci, de faire la politique dans la paix, on parle dans la paix, on essaye de sensibiliser les gens d’aller s’inscrire à Elecam (Elections Cameroon, ndlr) ». « Nous prenons cette responsabilité d’informer les militants, les sympathisants et les Camerounais de tout bord d’aller s’inscrire, puisque la loi dit que chaque année, on doit s’inscrire sur les listes électorales. L’appel du MRC aux inscriptions électorales n’a rien à voir avec le boycott du double scrutin du 9 février 2020 », précise-t-il. L’invitation cible plus les déplacés internes de la crise anglophone. « Nous avons dit dans notre communiqué que tous ceux-là, qui ne savent pas quand ils vont rentrer dans ces régions, s’inscrivent dans les démembrements d’Elecam où ils résident », indique Christopher Ndong. Une position qui rejoint celle de Cabrai Libii, le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) qui était naguère à l’origine du mouvement « 11 millions d’inscrits » avant l’élection présidentielle de 2018. « Je salue l’approche du MRC et de son président », réagit le député du Nyong et Relié (Centre). Chaise vide Le MRC semble avoir compris que la stratégie de la chaise vide n’est pas payante et prépare déjà les prochaines échéances ‘électorales. Véritable volte-face’ pour un parti qui a, contre toute attente, décidé de ne pas prendre part aux élections législatives et municipales du 9 février 2020. Comme raisons du boycott, Maurice Kamto évoquait la crise anglophone et le refus du gouvernement de procéder à un toilettage du code électoral. Au-delà des tracasseries administratives rencontrées par les candidats du MRC. Des arguments qui n’ont jamais convaincu personne, dès lors que, lors de la présidentielle 2018, le candidat du MRC avait été investi par une entité, Elecam, dont il allait contester pourtant l’impartialité et dans des cônditions sécuritaires exécrables dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ». Avec cette [autre] sortie, Maurice Kamto confirme son image de piètre politicien dont les postures brillent par leur instabilité, leur incohérence et leur inconsistance. Paul Éric Kingue, le président du Mouvement patriotique pour un Cameroun nouveau (Mpcn), avait critiqué cette attitude dans les colonnes du quotidien Le Messager, parution du 14 février 2020. «En tant que directeur de campagne de Maurice Kamto à la présidentielle 2018, il me souvient que nous avions reçu des appels des gens du Noso (Nord-Ouest Sud-Ouest, Ndlr), nous denandant de ne pas aller à la présidentielle pour être solidaires de leur cause. Kamto disait non dans nos réunions. Il soutenait que nous irons à l’élection et nous y sommes allés (…) Si on disait à Kamto de ne pas aller à la présidentielle, il pouvait devenir fou. Il y est allé quand même », assène le président du Mpcn. Maire de Njombé-Penja dans le Littoral, Paul Eric Kingue en veut au président du MRC d’avoir appelé au boycott des élections législatives et municipales du 9 février 2020. Du reste, il croit qu’en raison de son abstention à participer aux élections, la formation politique de Maurice Kamto a emporté avec lui les rêves de ses nombreux militants. Un va-en guerre ! En plus, il n’a de cesse multiplier des actions à l’effet de susciter un soulèvement populaire. Dans un message diffusé le 1er juin dans les réseaux sociaux, le perdant de la présidentielle 2018 a convoqué la thèse d’une succession de gré à gré à la présidence de la République. Comme pour donner raison à ceux qui pointent la logique insurrectionnelle de sa démarche, Maurice Kamto envisage d’ores et déjà une mobilisation « contre l’organisation de nouvelles élections populaires au Cameroun sans que soient remplis les deux préalables que sont la résolution du conflit armé dans le Nord-ouest et le Sud-Ouest et la réforme consensuelle du système électoral ». Pourtant, les prochaines élections présidentielle, législatives et municipales n’auront lieu qu’en 2025. Mieux,-il invite ses fans à se tenir prêts « afin qu’en-semble, nous engagions la phase ultime de la lutte contre pour la libération du Cameroun ». Pour l’observateur, il est loisible de noter que le parcours politique du président du MRC, au cours des deux dernières années, est parsemé d’actes de défiance et insurrectionnels. Le premier épisode de cet acte s’écrit dès le lendemain de l’élection présidentielle du* 8 octobre 2018. Ce jour-là en effet, prenant pratiquement toute l’opinion de court, le candidat du MRC s’auto-proclame vainqueur de l’élection. Sa stratégie, apparemment peaufinée de longue date, le conduit à inviter le président sortant à lui passer le pouvoir, contre la garantie de sa sécurité et de celle de sa famille. Et quand le Conseil constitutionnel proclame la réélection de Paul Biya, celui qui professait en 2004 que les décisions de cette instance s’apparen-, tent à des dogmes se renie pour lancer un plan de résistance national bâti autour du « non au hold-up électoral ».
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