Nombre de partisans du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais s’opposent à cette tradition qu’ils qualifient de « dictature » imposée par l’instance dirigeante du parti. Ils sont nombreux, peut-être trop nombreux même, ces militants du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) qui sont prêts à quitter le navire du parti au pouvoir pour rejoindre l’opposition, notamment le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto. Et ce ne sont pas de simples menaces. Pour ces hommes, femmes et jeunes, c’est le seul moyen de s’opposer aux investitures qui pourraient avoir lieu au sein du parti de la flamme, en vue des élections législatives et municipales qui se tiennent le dimanche 9 février 2020. Alors que la tradition voudrait que le Comité central du Rdpc, l’instance suprême de cette chapelle politique, procède lui-même au choix des candidats qui le représenteront à ces scrutins, des militants à travers le pays, jurent que ce « coup contre la démocratie ne passera pas ». Et menacent de lâcher Paul Biya, président du parti et président de la République. Les militants de base souhaitent en effet procéder eux-mêmes au vote au sein de leurs circonscriptions respectives, pour désigner les candidats qui doivent défendre leurs intérêts à ces élections. Beaucoup expliquent qu’en désignant les candidats qui vont représenter le Rdpc aux différents scrutins, le Comité central veut imposer son diktat, sans tenir compte de la volonté populaire. « Cette manière de faire va créer des divisions au sein du parti, entre ceux qui bénéficient de la légitimité populaire et ceux qui ont des ramifications au Comité central du Rdpc », se plaint Steve Edoa, militant Rdpc du Mfoundi III. « Nous avons ce problème actuellement. Nous avons un Exécutif communal qui nous a été imposé, et après 6 ans de mandat, cet Exécutif n’arrive pas à nouer de bonnes relations avec ses administrés», explique-t-il. Dans la Mefou et Akono, les militants formulent des plaintes similaires. « Je ne comprends pas comment le Rdpc a pu imposer des gens qui n’ont aucune assise politique à la base », s’inquiète Justin Mbala, militant du parti de la flamme. Et d’ajouter : « Avec ce système d’investiture, nous sommes rendus à un niveau où les postes électifs au sein du Renouveau deviennent l’affaire des fils des anciens caciques, des femmes des dignitaires et des amis de membres titulaires du Comité central. Bref, le Rdpc est en train de se transformer en une forme de dynastie de bourgeois ». Seul hic ? Dans les délais actuels, il n’est pas possible que le parti tienne des primaires. Voter l’opposition Du coup, dans certaines circonscriptions, les militants hésitent encore sur quel pied danser. Alors que bon nombre ont déjà une alternative : démissionner et voter pour l’opposition. Lors d’une réunion des responsables du Rdpc, présidée à Mbalmayo il y a quelques semaines par le délégué permanent du Comité central du Rdpc du Nyong et So’o, les militants ont été clairs. En cas d’investiture, ils voteront les candidats du MRC. Parce que la plupart des élus communaux de cette zone sont vomis et ne bénéficient d’aucune légitimité. « Ils ont tout simplement été imposés par le Comité central du Rdpc et sont jusqu’à ce jour, rejetés par les administrés, s’indigne un fervent supporter de Paul Biya. Conséquence : le développement local piétine ». Le Comité central du Rdpc est donc prévenu.
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