Fridolin nke à franck biya : ‹‹ vous devez rattraper votre jeunesse volée ››

Le philosophe et enseignant à l’université de Yaoundé I donne quelques conseils au fils du président de la République. Dans une correspondance à Franck Biya, le philosophe Fridolin Nke soutient que le peuple ne croit plus à Biya. « Dans ces conditions, dénoncer ou approuver, juger ou ignorer, élever ou bannir, l’estimer ou le honnir, absoudre ou sanctifier Paul Biya ne ressortit plus qu’au pouvoir de Dieu seul. Nous, le peuple, dont il fut une émanation prématurée, n’ayant plus d’emprise sur son règne qui nous a échappé des mains à cause de l’ampleur de ses compromissions, ne sommes plus dignes de nous en préoccuper, malheureusement »explique-t-il. Pour le philosophe, le fils du président de la République ne connait pas la souffrance de tous les camerounais. « Vous, par contre, vous avez un surmoi proéminent, puisque votre visage n’est pas marqué par les servitudes de la vie. Il manque à votre allure générale l’indestructible physionomie des êtres qui viennent de loin et qui ont connu d’étranges aventures. On comprend aisément que vous n’ayez pas eu la chance de perdre papa assez tôt, c’est-à-dire de vous émanciper de son emprise infantilisante, comme nous autres ». L’avenir rayonnant de notre peuple « Vous devez rattraper votre jeunesse volée. Vous pourriez être tenté d’effacer ce Chronos-Cronos-nègre indéchiffrable, votre père, qui, dans l’imaginaire populaire, est en même temps Chronos et Cronos. Votre éventuelle candidature à la succession de l’Homme-lion, l’objet souterrain de cette revanche tiède, serait, de toute évidence, une motivation secrète légitime, à savoir, se débarrasser de ce vécu incommunicable et effrayant : s’émanciper, respirer véritablement, enfin ». « Mais votre métamorphose existentielle ne doit pas pourtant hypothéquer les mutations inéluctables et décisives que commande notre dénuement actuel ; votre itinéraire de réparation de votre moi, en un mot, votre projet de thérapie intérieure de rédemption ne doit pas contrarier les promesses de l’avenir rayonnant de notre peuple », conclut le philosophe.


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