Plusieurs candidats désignés par les instances dirigeantes du parti au pouvoir ont été contestés par les militants de base. La rupture semble actée entre les instances dirigeantes du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) et ses militants de base. La dernière élection municipale l’a encore illustré. Dans plusieurs communes où le Rdpc a voulu imposer un candidat, il s’est heurté au refus des militants qui revendiquent « que leurs voix soient prises en compte ». Le scenario de l’élection du maire de la ville de Yaoundé en’dit plus sur ce malaise. Partis de leur domicile pour participer à l’élection du tout premier maire de la ville de Yaoundé, les 294 conseillers municipaux électeurs, se sont vus imposer Luc Messi Atangana comme candidat. Malgré l’insistance de certains conseillers municipaux, notamment Jean Marie Abouna et Saint Eloi Bidoung à déposer leur candidature, ils ont été contraints, au nom de la discipline du parti, de retirer leur candidature. Dans l’urne, les conseillers municipaux du Mfoundi n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement. Sur les 294 électeurs, 98 ont voté bulletin nul et 03 se sont abstenus. L’élection du maire de la ville de Douala n’a pas également échappé à cette logique de désignation des candidats par le comité central du Rdpc. Le mandataire du Comité central, Benoit Ndong Soumhet est « venu de Yaoundé avec un nom. Au cours de la réunion préparatoire de ia session de plein droit, à ia maison du parti à Bonanjo, H nous a dit que le Comité centrai de notre parti a porté son choix sur le candidat Mbassa Dine. Nous avons attendu le début de ia session de plein droit pour contester solennellement, ce choix du parti qui ne nous arrange pas », a expliqué Jean Jacques Lengue Malapa, le chef des contestataires et maire de Douala 1er Une contestation qui a obligé le préfet Benjamin Mboutou à reporter l’élection. Même rituel à Maroua. Alors que le mandataire du comité central voulait imposer le candidat investit par le parti, il a été désavoué par le maire de la commune de Maroua 2e qui a déposé sa candidature et a été élu par ses pairs, en dépit du problème du nombre de votants qui a contraint Jean-Marc Ekoa Mbarga, préfet du Diamaré à renvoyer le scrutin au 4 mars dernier. Ce n’est pas avec l’élection des maires de ville que le problème a commencé. Lors de l’élection des conseillers municipaux, les populations de plusieurs villes se sont opposées au diktat des candidats du parti. C’est le cas par exemple de la ville de Sang-melima. Malgré son échec lors de l’élection, le comité central a voulu imposer Andre Noel Essiane, le maire sortant, au mépris des populations qui menaçaient de sortir si celui-ci était réinvesti. Dans la ville de Mfou, les militants de base se sont opposés à l’investiture de Francis Ngoumou comme candidat à la tête de cette commune, mais celui-ci a été investi et désigné maire en dépit des mouvements d’humeurs organisés par les populations. La discipline du parti Pour légitimer son diktat le comité central du Rdpc met en avant la discipline du parti. C’est cette discipline qui oblige certains militants à accepter à leur corps défendant, certains candidats imposés par le parti. C’est cette même discipline du parti qui conduit à l’élection de certains candidats vomis par la base. Pour le journaliste Souley Onohiolo cette discipline du parti n’est rien de plus qu’une « entour-loupe qui s’apparente à une sorte de braquage et du banditisme politique ». Vers une implosion au sein du RDPC ? S’il y a un constat qui s’est dégagé au sortir de l’élection du maire de la ville de Yaoundé, mardi dernier, c’est la frustration qui se lisait sur les visages de plusieurs conseillers municipaux. Une frustration qui s’est d’ailleurs exprimé par le fort taux de vote par bulletin nul. « Cela démontre un réel malaise au sein du Rdpc. Une totale déconnexion entre le sommet et la base du parti », commente Guy Beaudry Jengu, chercheurs à l’université de Yaoundé II. Le chercheur estime que si ce malaise n’est pas réglé, il conduira inéluctablement à l’implosion de ce parti politique. Pour le journaliste Souley Onohiolo, « les menaces d’implosion, les mécontentements généralisés, au sein du Rdpc (Ndlr) sont à prendre au sérieux. Sauf à penser que te parti de Paul Biya veut continuer de creuser sa tombe ».
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