Crime de ‹‹ lèse-président ›› ils ont été ‹‹ soupçonnés ›› de vouloir le pouvoir !

Par Moussa Njoya, Politologue Ils sont nombreux ces hommes qui ont connu les grandeurs du pouvoir aux côtés de Paul Biya avant dé connaître la déchéance. Malheurs que l’opinion publique a vite fait d’expliquer par leur volonté présumée de ravir le pouvoir à « l’homme Hon ». Revue de quelques unes de ces personnalités qu’on soupçonne de « crime de /èse-pré-sident», car ils « voulaient le pouvoir » ! 1- Titus Edzoa Pendant longtemps, il a tenu le haut du hit parade de ceux que le public considérait comme « les prisonniers du président », car ils auraient été emprisonnés parce qu’ils voulaient prendre le pouvoir. En effet, Titus Edzoa, » professeur agrégé de chirurgie né en 1945, féru des arts martiaux et d’ésotérisme, aura été très proche politiquement, voire spirituellement, de Paul Biya. Médecin personnel du président de la République avec qui il revendique une appartenance commune à la Rose-croix, qui lui fait une confiance énorme, Edzoa va être prbmu à des postes importants dès 1985, date à laquelle il est nommé ministre chargé de mission à la présidence de la République. En 1988, il est fait conseiller.spécial du président, avant d’être propulsé a la tête de l’Enseignement Supérieur en 1992. Il va quitter ce poste en 1994 pour rejoindre le très stratégique secrétariat général à la présidence de la République. Ce poste qui apparaît comme une consécration, est le lieu où il va le mieux exposer et exploiter sa proximité avec le président Biya. Il va y acquérir une telle réputation de faiseur de rois et de gourou du prince que de très nombreux cadres ambitieux vont adhérer à son organisation ésotérique, le Circes, qu’ils considèrent alors comme le sésame pour les hauteurs de la République. Car en effet, Edzoa place ses « hommes » partout. La belle aventure ne va pas durer très longtemps. Alors qu’il est en mission en Europe, il est chassé du « ciel » et casé au ministère de la santé publique, le 19 septembre 1996. Le professeur de médecine qui s’est accoutumé aux aux saveurs et aux ors du palais a du mal à s’y faire. 8 mois plus tard, le 24 avril 1997, Titus Edzoa démissionne de son poste. Dans la foulée, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle. Quelques jours plus tard, son passeport est retiré. Il est arrêté le 03 juillet pour détournement de 350 millions. Il sera condamné le 03 octobre à l’issue d’un procès marathon, à 15 ans d’emprisonnement. En 2009, alors qu’il lui reste 3 ans à purger, de nouveaux dossiers judiciaires sont lancés, •et portent sur les détournements des fonds du Copisur et de l’organisation du sommet de l’OUA. Montant : 61 milliards. Le 04 novembre 2012, il est condamné avec Michel Thierry Atangana, à 20 ans de prison. Le 18 février 2014, le chef de l’Etat signe un décret de grâce présidentielle dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de la réunification, dont ils bénéficient. Ils seront libérés dans la nuit du 24 février. Depuis lors, Titus Edzoa, après une conférence de presse sans grande révélation, se fait désormais anguille à Yaoundé. 2- Joseph Owona Le professeur Joseph Owona est celui pour qui l’opinion et la presse ont inauguré l’appellation de « vice-dieu » lorsqu’il officiait au secrétariat général de la présidence de la République entre 1992 et 1994 ; car la compétence de cet agrégé des facultés françaises de Droit, et son abnégation au travail, lui vaut toute la confiance du président Biya, en ces années de braises. Réputé franc et direct, Joseph Owona prend des initiatives et assume ses positions, au point où durant la tripartite, il aurait déclaré ; « Si Biya cède, nous on le débarque » ! Ayant été par la suite envoyé successivement comme ministre à la Santé, au Sport, au Contrôle supérieur de l’Etat et à l’Education nationale, il aurait commencé à être mal vu quand il a créé l’association Essingan, car on estime qu’il se positionne comme le leader béti potentiel remplaçant de Paul Biya. Ces supputations et rumeurs vont s’amplifier lorsqu’en 2004, il est intronisé par les familles Mvog-Fouda Mballa à Nkolbewa III comme le successeur du patriarche centenaire Jean Mboudou Ngambong. D’aucuns vont alors lier son limogeage quelques mois plus tard à cet épisode où certains avaient cru déceler des ambitions présidentielles. 3- Pierre Désiré Engo Pierre Désiré Engo est un administrateur civil né le 1er août 1941. Très proche de Paul Biya, il sera nommé par celui-ci ministre de l’Economie et du Plan dans son premier gouvernement du 06 novembre 1982. Cependant, Ahidjo n’aime pas Engo, et exige son limogeage. Paul Biya s’exécute à contrecœur le 1er septembre 1982 et, pour consoler Engo, il le nomme dès le lendemain, directeur général de la Cnps. Il fera également de lui un membre du bureau politique du Rdpc dès la création du parti. Engo apparaît comme le confident du président et l’homme politique le plus puissant du Sud après Paul Biya. Durant les 15 ans qu’il passe à la tête de la Cnps, l’entreprise connait de nombreuses crises exacerbées par la gabegie et l’arrogance de ses dirigeants. Le 1er septembre 1999, Pierre Désiré Engo est interpellé à son domicile après son limogeage quelques jours plus tôt. Il sera condamné plus tard à 15 ans de prison. Cependant, d’aucuns vont penser que son arrestation n’est pas seulement due à ses manquements graves à la tête de la Cnps. Ils pensent que les malheurs d’Engo proviennent de sa Fondation Martin Paul Samba. En effet, Pierre Désiré Engo avait mis sur pied une association caritative dénommée Fondation Martin Paul Samba, qui fournissait de l’assistance aux populations pauvres de la province du Sud. Le 06 août 1999, après une remise des dons à Sangmélima, il aurait alors évoqué son intention d’étendre les activités de sa fondation à l’ensemble du territoire national. Certains vont alors estimer qu’il voudrait la transformer en parti politique et briquer la présidence de la République. Ses adversaires politiques en auraient alors profité pour le conduire en enfer. 4- Edouard Akame Foumou Cet administrateur civil, sorti major de promotion de l’ENAM en 1972, va se reconvertir, en banquier lorsqu’il est nommé à la tête de la Bi-cic en 1984, en provenance du secrétariat général de la présidence de la République où il officiait comme conseiller technique. Il va y retourner en 1989 pour le poste de secrétaire général de la présidence, d’où il partira, quelques mois plus tard, en 1990 pour le ministère de la Défense. En 1996, il est nommé ministre de l’Econo-mie et des Finances. A ce poste, et fort de son expérience de banquier, il va redresser les finances publiques, faire entrer le Cameroun dans HPFTE et atteindre le point de décision en 2000. Avec Akame Mfoumou, la croissance est de retour, les retards de paiement deviennent un lointain souvenir et l’économie camerounaise est sur de bons rails. Ce succès unanimement salué fait des envieux qui lui prêtent des ambitions présidentielles. Des tracts où il est écrit, « Akame Foumou Président ! » sont jetés dans les rues de Yaoundé. Il sera limogé en 2001 et se fait alors très discret. Mais comme pour ne pas arranger les choses, en 2004, lorsque l’opposition lance le programme de coalition pour une candidature unique, son nom est cité parmi les favoris. Il est obligé de faire des démentis et aurait même fait des courriers dans ce sens au président Biya. D’aucuns disent que n’eut été la protection de son frère ainé, Jean Foumane Akame conseiller juridique de Paul Biya (décédé le 13 janvier 2019), il aurait été arrêté. Le 12 septembre 2013, il connaît un éphémère retour en grâce avec sa nomination comme Pca de la Camair.co. 5- Jean Marie Atangana Mebara Après avoir été directeur de la coopération économique et technique, conseiller technique du Premier ministre et directeur de ITSMP, ce natif de la Mefou et Akono va connaître sa première consécration gouvernementale en 1997, lorsqu’il est nommé ministre de l’Enseignement supérieur. A ce poste, il acquiert une très forte renommée, du fait de sa proximité avec les étudiants, qu’il appelle ses « cop’s ». Et « l’étemel étudiant » va atteindre les cimes lorsqu’il est nommé secrétaire général de la présidence de la République en 2002. On l’accuse d’en avoir profité pour placer « ses gens », parmi lesquels des ministres femmes qu’on affublait du sobriquet de « Méba-rettes ». Il est présenté par ses contempteurs comme étant le gourou de diverses loges (Iboga, Franc-maçonnerie, les rameaux, etc.) au sein desquelles il recruterait la jeune élite en vue de conquérir le pouvoir. On le surnomme alors Amon Rê, « le vice-dieu » ! Au lendemain de la rumeur sur la mort de Paul Biya à la veille de l’élection présidentielle de 2004, et surtout au vu des dispositions de la constitution à cette époque qui prévoyait le terme de la présidence de Paul Biya en 2011, l’on commence à parler de Gll. Ce sigle est présenté comme un groupe de hauts dignitaires du régime qui veulent succéder à Paul Biya. Cette légende sera si fortement établie que les arrestations de Mebara, Olanguena et Abah Abah seront mises dans le compte de la répression des ambitions du Gll. Certains analystes parlent alors de l’Opération Epervier comme étant une « opération d’épuration politique visant à écarter les potentiels concurrents du président Biya ». Limogé du gouvernement, après avoir été relaxé en instance, il sera finalement condamné en appel à 15 ans de prison en 2013. 6- Marafa Hamidou Yaya Rien de particulier ne prédisait ce diplômé de pétrochimie, né en 1952 à Garoua à une carrière politique. Secrétaire d’Etat aux finances, au début des années 90, il devient conseiller spécial du président de la République en 1994, puis est propulsé au poste ultra stratégique de secrétaire général de la présidence de la République pendant 5 ans. Il est alors réputé être très puissant, car très écouté du président de la République. Il est si puissant qu’il lui arrive de nommer par ordre à des postes qui relèvent de la compétence du chef de l’Etat. Il est craint de tous les ministres, qui voient en lui le « président technique » du pays. Il est alors surnommé « le Présidenton » ! C’est lorsqu’il est alors à ce poste qu’il gère le dossier de l’achat d’un avion présidentiel. Dossier qui sera la source de ses malheurs. Cet immense pouvoir attire vers lui de très nombreux fidèles et une clientèle politique massive, ainsi que des convoitises ; car tout le monde voit en lui le futur président. Et les mythes, tels que celui de l’axe Nord-Sud n’arrangent pas les choses. En 2002, Marafa est envoyé en sapeur pompier au Ministère de l’Administration Territorial pour sauver les élections législatives et municipales qui ont été reportées à la dernière minute. Il y passera 10 ans. Les rumeurs sur sa volonté de prendre le pouvoir circulent partout. Oh le déclare comme étant le vrai chef du Gll, depuis l’arrestation de Mebara. On met également à son actif le soutien de plusieurs chancelleries. Ces rumeurs sont si persistantes qu’elles engendrent même la méfiance de Paul Biya qui ne le reçoit plus. Marafa sentant la suspicion, aurait proposé sa démission au Chef de l’Etat, qui aurait été refu-eAr» jCU. En 2011, alors que Paul Biya prépare sa candidature. Marafa fait alors montre d’un zèle particulier lors de la campagne électorale qui s’en suivra. Cela n’empêchera qu’il soit limogé du gouvernement en décembre 2011. Se sentant déjà dans l’œil du cyclone, il organise un méga meeting de « remerciement » à Paul Biya. Peine perdue ! Car le 16 avril 2012, il est arrêté et envoyé à Kondengui, puis au SED. Il est condamné quelques mois plus tard pour « complicité intellectuelle de détournement » de l’argent destiné à l’achat de l’avion présidentielle en compagnie d’Yves Michel Fotso. Depuis son « bagne du lac », il mène une intense activité épistolaire et médiatique, où il affirme être « détenteur d’un projet de société pour le Cameroun », qu’il dénomme « ia société de confiance ». Il sait de quoi il parle !


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