Collectivités territoriales : paul biya opte pour la recentralisation

Les conseils régionaux seront-ils véritablement autonomes? Tous ceux qui ont suivi les cérémonies d’installation des différents présidents des conseils régionaux n’ont pas manqué d’être abasourdis. Pour bien illustrer la chose, prenons juste l’exemple de l’installation du président du conseil régional de l’Adamaoua qui a eu lieu le 11 janvier dernier au cours d’une cérémonie présidée par le président de la cour d’Appel. Voici ce qui a été dit à Mohamadou Déwa, président du conseil régional de l’Adamaoua : « le président du conseil régional, pour réussir sa mission doit collaborer avec le représentant de l’Etat. Il est question de la soumission sans faille aux diversités de vos activités ». Le mot est lâché, « soumission ». Et d’ajouter : « vous devez impérativement veiller en sorte que le conseil ne siège et ne statue en dehors de ses sessions légales ou sur un objet étranger à ses compétences sous peine des poursuites judiciaires engagées à l’encontre des membres du conseil régional, auteurs des vœux avec proclamation ou communication politique menaçant l’intégrité territoriale ou l’unité nationale et ce, à la diligence du représentant de l’Etat… Ne prenez donc aucun risque Monsieur le Président du conseil régional, d’exercer vos fonctions en marge de vos attributions prévues à l’article 296 de la loi 2019/024». Bien entendu, il est hors de question que les conseils régionaux portent atteinte à l’intégrité territoriale du Cameroun, mais la question de la capacité du président du conseil à se mouvoir reste entière, lui qui doit, selon l’article 312 al.1 du code général de la décentralisation, être l’interlocuteur du représentant de l’Etat ; représenter la région dans les actes de la vie civile et en justice ; préparer et exécuter les délibérations du conseil ; ordonner les recettes et les dépenses de la région sous réserve des dispositions particulières prévues par la réglementation en vigueur… Ainsi, on a d’office un gouverneur nommé qu’on a placé au-dessus d’un président du conseil régional élu, un peu comme on l’a fait avec les préfets à l’endroit des maires ; ensuite, pour boucler la boucle, Paul Biya a nommé il y a peu, par décret, les secrétaires régionaux des régions. C’est dire qu’il n’y a pas de volonté réelle de décentraliser. Dans le même ordre d’idées, on constate qu’il n’y a toujours rien de spécifique en ce qui concerne le statut particulier des régions anglophones qui, comme les autres, ont également vu des secrétaires généraux de leurs régions être nommés. Doit-on parler de décentralisation ou de recentralisation ? Cette place d’alpha et d’Omega laissée aux gouverneurs malgré les conseils régionaux, pose-t-elle un problème ? Quant au statut spécial des régions anglophones, que peut-on retenir vu qu’on ne fait que leur appliquer les mêmes principes qu’en zone francophone ?


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