Payant le prix de sa proximité avec le Nord-Ouest, cet arrondissement du département du Noun subi de façon sporadique les attaques des combattants séparatistes. Le village Maloungoure dans le groupement Magba Tikar, département du Noun, région de l’Ouest, garde encore les séquelles de nombreuses attaques des bandes armées parties du Nord-Ouest à pied pour se retrouver dans ce village frontalier. Le sous-préfet de Magba, Jean-Jacques Nsang Ekonde, nommé au mois d’octobre 2019 en a fait le constat le 10 décembre dernier, lors de la première étape de sa tournée de prise de contact. Pour réaliser à quel point ce village est devenu dangereux, le chef de terre et sa suite ont été contraints de porter des gilets pare-balles avec.des casques militaires avant de se rendre sur les lieux. Tout cela, accompagnés d’un impressionnant dispositif militaire. « Les nouveaux sécessionnistes anglophones ont été détectés mardi dernier (le 03 décembre, ndlr) dans les montagnes. Ils sont au nombre de 20, lourdement armés. Nous avons besoin de plus d’effectifs pour aller les déloger », renseigne le chef de détachement militaire installé dans le village For-rogain depuis les derniers combats qui avaient entraîné des décès au sein de la population. Plusieurs habitants du village avaient été surpris dans leurs champs et décapités. Six autres personnes avaient été tuées à l’entrée de la chefferie lors d’une attaque dont l’objectif semblait être l’enlèvement du chef du village. « Pour l’instant, notre dispositif au poste de détachement installé ici au village Forrongain est insuffisant pour mener des attaques. Lorsque les habitants du village nous annoncent des cas des combattants anglophones présents sur notre territoire comme c’est le cas en ce moment, nous sommes obligés de demander des renforts ; cela peut souvent prendre un peu plus de temps, ce qui ne nous rend pas efficaces », explique l’un des soldats du détachement. Les trois villages Koula, Forrongain et Maloungoure subissent des attaques des combattants identifiés comme des Ambazoniens depuis le début de l’année 2019, avec de nombreuses pertes en vies humaines. Cette situation a contraint de nombreuses familles à fuir les représailles pour aller trouver refuge dans d’autres villages. A ce jour, le danger est encore présent et les différents villages restent exposés aux attaques à tout moment. Ceci puisque les groupes armés anglophones continuent de traverser à pied la petite frontière qui sépare le village Magba à la région du Nord-Ouest pour venir dans les villages frontaliers chercher de la nourriture et des provisions. Lors du passage du sous-préfet dans les villages, les chefs de villages, notamment le chef du groupement Manka Urne Shaibou, a demandé au chef de terre de trouver des moyens pour permettre que ces villages, la plupart agricoles, retrouvent l’élan de développement qu’ils avaient avant les attaques des séparatistes anglophones. « En ville, plusieurs personnes ont annoncé partout que nos villages appartiennent aux Ambazoniens ; ce qui a fait fuir tous les grands acheteurs de vivres qui venaient se ravitailler ici. Aidez-nous à relancer nos activités agricoles ! », demande le porte-parole des élites de ces villages à l’autorité administrative. En retour, Jean-Jacques Nsang Ekonde a demandé aux populations de donner plus de « renseignements » aux agents des forces de l’ordre et de sécurité. Pour lui, les comités de vigilances doivent travailler encore davantage pour mieux sécuriser les périmètres. Le chef de terre exhorte également ceux qui ont fui leurs maisons à les regagner. Magba, dernier village qui sépare la région de l’Ouest à celle de l’Adamaoua, est aussi en proie à des violences agro-pastorales, avec des agriculteurs qui multiplient les massacres de bétails. Des violences encore attribuées aux Ambazoniens par la population. La tournée du sous-préfet s’est achevée le 14 décembre. Il avait encore une dizaine de villages à parcourir.
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