L'enfer de huit millions de personnes dans un paradis de richesses

Alors que le Cameroun est en proie à une insurrection séparatiste dans ses régions anglophones, les organisations indiquent que la crise empêche l’aide humanitaire, l’éducation, les soins de santé et que les principales victimes sont les femmes et les enfants. Dans un rapport, l’Agence Fides expose les difficultés auxquelles les populations des régions anglophones du Cameroun sont exposées et ce qu’il en est des conséquences de cette crise sur les couches les plus vulnérables, les femmes et les enfants. Selon le rapport citant plusieurs personnes ressources, l’accès dans ces régions, aux organisations humanitaires, est très difficile. Aussi, les écoles sont pratiquement toutes fermées et les hôpitaux manquent de soignants. Cité par l’agence Fides, Banlav Eric Ngah, directeur associé de Caritas Bamenda, capitale des régions anglophones du Cameroun, a expliqué les difficultés des organisations humanitaires dans cette partie du pays et comment l’aide humanitaire est difficilement apportée aux populations souffrant de cette guerre. « Notre intervention souffre de nombreuses limites objectives. La première est la situation de terreur qui prévaut dans toute la région. J’ai moi-même été kidnappé, avec trois autres opérateurs, par les Amba Boys (les groupes armés, ndlr) alors que nous essayions d’atteindre les populations isolées dans la forêt et d’apporter les produits de première nécessité. Ils nous ont détenus pendant cinq jours, nous traitant de façon assez agressive. Quand ils ont finalement compris que nous n’étions pas là au nom du gouvernement, ils nous ont laissé nous passons. Une de nos camionnettes a été incendiée il y a quelque temps et nos ouvriers ont été menacés. C’est difficile de travailler comme ça », a indiqué Ngah. Selon les rapports des médias, cette crise qui a débuté en 2017, n’a rien apporté de bon aux huit millions de personnes vivant dans ces régions riches du Cameroun. La population est prise en otage par les séparatistes qui s’adonnent à des meurtres et des enlèvements, et les forces régulières qui se vengent sur les villageois après avoir enregistré des pertes. Interrogé par l’Agence Fides, le Père Boris Sife Lemfon, directeur provincial et diocésain de Caritas, indique que « ce que nous appelons ici ‘crise’ est en train de transformer radicalement le visage de nos régions ». Il assure que « l’une des choses les plus négatives est le fait que nous avons beaucoup de jeunes filles qui, n’allant pas à l’école, n’ayant pas de travail, deviennent rapidement mères, victimes de violences sexuelles ou d’intimidations. Elles sont maltraitées par les militaires et les Ambas et le nombre de mères célibataires augmente ». La crise a créé assez de victimes, surtout les femmes et les enfants. Ces derniers ne sont plus scolarisés et sont de ce part, vulnérables. Les séparatistes en font des enfants soldats, les vendent ou les exploites autrement. En ce qui concerne les filles, elles sont abusées sexuellement et traitées comme des esclaves sexuelles. Selon les informations ceci a causé la recrudescence des grossesses précoces et la multiplication des mères célibataires. Caritas indique que pour aider ces enfants, elle a créé des centres d’apprentissage pour remplacer les écoles fermées par les séparatistes. Eric Ngah indique que « dans trois grands espaces spécialement conçus pour les mineurs et regroupant au total 1 000 enfants. Nous garantissons un soutien psychosocial, des cours à l’école (mais ils ne peuvent pas enseigner l’histoire ou la géographie car les Amba ne reconnaissent pas la reconstruction et la partition officielles du gouvernement, ndlr’ note) ». « Nous y allons deux fois par semaine mais avec beaucoup de risques. Mais pour avoir un plus grand impact, il nous faudrait plus d’opportunités de bouger et d’agir et, surtout, plus de moyens. Les ressources sont rares. Nous demandons également à tous de nous soutenir par des dons car notre travail est essentiel jusqu’à ce que la paix soit rétablie », a-t-il indiqué.


ARTICLE PRÉCÉDENT ARTICLE SUIVANT

Ajouter un commentaire

Vous devez vous connecter pour ajouter un commentaire.

Commentaires