‹‹la communauté internationale ne peut pas imposer un cessez-le-feu au cameroun››
Oumar Ndoumbè, Société civile « La guerre civile qui perdure dans les régions du Nord-Ouest et dans une moindre mesure du Sud-Ouest a déjà trouvé son rythme de croisière et peut rester en l’état pendant encore plusieurs années avec le permis de tuer en silence de chaque côté des belligérants. A l’exemple de ce que nous constatons sur d’autres théâtres des opérations, à l’exemple de la RDC, de la Lybie ou du Yémen, le Cameroun ne déroge pas à la règle. La communauté internationale n’a pas prise sur le Cameroun où des intérêts sont divergents. La France a des intérêts économiques colossaux que Paul Biya protège jalousement. Cet ancien colonisateur ne peut pas voir d’un bon œil que ce dernier soit un tarit soit peu inquiété. Un autre acteur majeur est la Chine qui, depuis quelques décennies a injecté sa présence à coup de milliards pour sa présence. D’autres alliés mineurs de Paul Biya se démènent dans les hémicycles internationaux pour soutenir leur poulain. Ce ne sont donc pas les agitations de quelques manifestants dans les rues et des batailles rangées à l’intérieur de nos missions diplomatiques qui y changeront grand-chose. Pendant ce temps, les populations sont dans le désarroi le plus absolu. Cette communauté internationale ne peut pas imposer un cessez-le-feu au Cameroun. Elle n’a pas pu l’instaurer durablement ailleurs. Les rapports qui s’accumulent sur le sujet, bien qu’ils n’aient pas de force contraignante, permettent aux défenseurs des droits de l’homme de constater qu’il y a quelque chose qui se fait en faveur de la paix. En réalité, toutes ces personnalités qui siègent dans les réunions sur le cas de la situation à l’ouest du Cameroun, sont grassement payées par les institutions internationales avec billets d’avion première classe, hôtels cinq étoiles, restaurants gastronomiques et enveloppes épaisses pour pérorer une ou deux heures, sans effet sur la situation réelle. Paul Biya, seul capitaine à bord du bateau Cameroun, fait ce que bon lui semble. Pour calmer les ardeurs de certains de ses soutiens, il a organisé l’année dernière un soi-disant grand débat mais où en réalité la parole était muselée. Au sortir de celui-ci, quelles ont été les avancées ? Des déclarations d’intention sans véritable changement dans la vie des populations ni un semblant de retour à la paix. Mais des milliards engloutis pour se donner bonne conscience. Mais dans cette partition, Paul Biya n’est pas seul à blâmer. Que font les acteurs » anglophones ” ? La communauté internationale a-t-elle proposé une rencontre avec un médiateur indiscutable, accepté par toutes les parties, garantissant la sécurité des uns et des autres ? Les populations ont-elles été informées de la volonté des uns et des autres pour, demain être le témoin de l’histoire ? Non. Cessons donc de pointer notre doigt accusateur vers Paul Biya qui est un acteur parmi les autres, bien qu’acteur majeur. Ce conflit n’a pas le même intérêt pour la communauté internationale tel que celui du Biafra au Nigeria où celui CIRA en Irlande du Nord. Les intérêts ne sont pas les mêmes, les enjeux non plus. A l’échelle nationale, ce conflit est majeur. Au plan international, il est insignifiant. Conséquences de tout ceci, la communauté internationale s’y intéresse moins et laisse la diaspora qui a pris la nationalité des pays de résidence de s’agiter et de mettre à contribution les ONG internationales qui toutes jouent un rôle d’activistes. La dureté de la vie internationale nous fait perdre de vue qu’entre temps, des hommes, des femmes et d’enfants perdent leur vie chaque jour au NOSO ».