Le procès des militaires qui avaient assassiné 21 personnes dont des femmes et des enfants dans cette localité du Nord-ouest, se déroule au tribunal militaire de Yaoundé. Sans les familles des victimes. Coincées dans le Nord-ouest. A l’audience du 18 juin 2021 au tribunal militaire de Yaoundé, Fon Mohamed, chef du village Ntumbaw dont dépend la localité de Ngarbuh III dans le Nord-ouest, lieu de cette tragédie, s’est imposé comme l’un des témoins clés de cette affaire. Le chef traditionnel a effectué le déplacement de Yaoundé, depuis le Nord-ouest, pour venir dire sa part de vérité. Un témoignage exclusif d’une autorité de son rang. Il a en effet confirmé que 22 civils dont 13 enfants et une femme enceinte avaient été exécutés de manière sommaire le 14 février 2020 par les forces de défense et de sécurité du Cameroun. Le Fon a surtout révélé que les familles des 21 victimes de cette barbarie ne peuvent malheureusement pas venir plaider la cause de leurs proches, et surtout dire leur part de vérité. Pour la simple raison que la juridiction qui statue sur l’affaire est à Yaoundé, à quelques 500 km de leur localité. « Il existe un tribunal militaire à Bamenda. Pourquoi transférer l’affaire à Yaoundé ? Si le gouvernement camerounais a des raisons secrètes de juger tout le monde seulement au tribunal militaire de Yaoundé, pourquoi des propositions n’ont pas été prises pour convoyer les membres de la famille et les principaux témoins à Yaoundé, comme cela se fait dans des juridictions sérieuses», s’interroge une élite du Nord-ouest que La Nouvelle Expression a contactée ? On se rappelle qu’après cette tragédie, les responsables des forces de l’ordre ainsi que le gouvernement s’étaient précipité pour innocenter les éléments de l’armée camerounaise. Il a fallu que Paul Biya commande une commission d’enquête qui Va finalement confirmer la version des organisations non gouvernementales, des villageois et de la presse. Même si l’opinion publique est toujours restée sceptique quant aux auteurs que la commission d’enquête a désignés, on retient tout de même les noms comme leSergent Baba Guida, le gendarme Sanding Sanding Cyrille, le soldat de première classe, Haranga Gilbert et du civil Tita Nfor Maxwell alias « Bullet». Tous sont accusés de «coaction de meurtre, incendie et destruction, violence sur femme enceinte, violation de consigne (comportement amoral susceptible de porter atteinte à l’honneur et à la dignité de l’Armée)». Il faut ajouter à ce contingent «dix membres du Comité de vigilance impliqués dans les événements tragiques de Ngarbuh ». Cas du Nyiangono Ze Charles Eric Il faut dire que les procédures judiciaires poursuivent ainsi leur bonhomme de chemin alors que le sort du Commandant du 52ème Bataillon d’infanterie motorisée, Nyiangono Ze Charles Eric, jugé responsable par les conclusions de l’enquête, n’est pas connu. La Commission d’enquête lui avait collé une sanction de «procédure disciplinaire» après avoir établi sa responsabilité. Le communiqué du ministre d’Etat secrétaire général de la présidençe de la République assurait en effet que «le Chef de Bataillon Nyiangono Charles Eric, commandant du 52éme Bataillon d’infanterie motorisée, connaissant pourtant la sensibilité de la zone de Ngarbuh où existent de vives tensions intercommunautaires, n’a pas personnellement supervisé l’opération menée par ses hommes». A Ngarbuh, à défaut de venir témoigner à Yaoundé, les familles attendent toujours, comme l’avait promis le gouvernement, d’exhumer les corps afin que les proches leur réserve une sépulture digne.
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