Un militaire fraudeur écope 15 ans de prison au tcs

Radié de l’armée, il émargeait indûment dans le Trésor public sous de fausses identités. Ephrem Victor Poupoum Mangak a écopé 15 ans d’emprisonnement devant le Tribunal criminel spécial (TCS). Le 5 février 2021, il a été reconnu coupable du détournement de 54,5 millions de francs. Ces fonds représentent trois salaires qu’il a indûment perçu après sa radiation de l’armée et sous deux fausses identités. Outre la restitution des fonds distraits, il doit verser 5 millions de francs au ministère des Finances (Minfi), partie civile dans le procès, au titre des frais déboursés dans l’affaire. Pour asseoir la culpabilité de l’accusé, le tribunal a rappelé les débats en lisant son arrêt Dans cette affaire, M. Poupoum Mangak avait été recruté dans l’armée en 2001. 11 a servi à la Garde présidentielle, à la direction de la sécurité présidentielle, à l’état-major de la Marine nationale puis au régiment de Génie civil à Douala. Le 17 octobre 2012, il est radié de l’armée avec le grade de sergent En juin 2018, M. Poupoum a été interpellé dans une commissariat de police alors-qu’il tentait de se faire établir une carte nationale d’identité sous le nom de Alphonse Mekolo Eteme. Lors des enquêtes, l’accusé est passé aux aveux complets indiquant qu’il a continué à toucher son salaire après sa radiation. On lui reproche aussi la perception de deux salaires indus sous deux fausses identités notamment Alphonse Mekolo Eteme (32 millions de francs) et Jean Louis Bayok (175 mille francs). Sur ce grief, l’accusé avait expliqué que lorsqu’il était en poste à la compagnie d’état-major de la marine, il a reçu un listing de 300 noms de «soldats déserteurs» sur lequel figurait celui de Mekolo Eteme. Il a réactivé ce matricule avec l’aide de ses acolytes en service au Ccnadi. TPI de Batouri Mais pendant le jugement, l’accusé est revenu sur certains aveux. Il a estimé que sa radiation n’a jamais été formalisée puisque c’est à travers «un message radio-porté» que le chef d’Etat major des armées lui a notifié sa révocation qui n’a pas été régularisée par une décision du ministre de la Défense. Selon lui, en 2009, c’est le capitaine Samba Effoudou, alors commandant de la compagnie d’état-major de la Marine où il était en service, qui l’avait obligé à usurper les identités de Mekolo Eteme et Bayok. Et C’est ce commandant qui touchait lesdits salaires à l’aide des cartes bancaires. 11 s’est installé aux Emirats Arabes Unis où il a trouvé un emploi et n’est rentré au pays qu’en 2016. En motivant son arrêt, le tribunal a estimé que le fait pour l’accusé s’être installé à l’étranger sans titre de mission et obtenu un emploie prouve qu’il ne travaillait plus pour l’armée. «Il ne devait plus percevoir un salaire (…) Ces salaires bien virés dans le compte de l’accusé demeurent des derniers publics.» Dans sa plaidoirie, l’avocat de l’accusé avait estimé qu’une fois l’Etat avait viré le salaire à un fonctionnaire, cet argent cesse d’être des deniers publics. Le tribunal a opposé que c’est par «des manœuvres frauduleuses» que le mis en cause se servait dans les caisses de l’Etat. «A l’enquête préliminaire, il a reconnu qu’il s’est rendu à Ecobank pour toucher le salaire de Mekolo Eteme, preuve qu’il détenait un chéquier et une fausse carte d’identité. Preuve d’un aveu judiciaire», déclare le tribunal. Dans son réquisitoire sur la peine, le ministère public a enfoncé le clou en disant que l’accusé est récidiviste pour avoir été condamné en février 2013 au TPI de Batouri pour abus de confiance. Il a d’ailleurs présenté le casier judiciaire du mis en cause : «c’est pour prouver, précise-t-il, qu’il est un habitué des faits criminels». Il a requis l’emprisonnement à vie mais le tribunal ne l’a suivi.


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