Sécurité publique : quand les rafles et patrouilles virent à l'arnaque

Avec la campagne électorale en cours, le Cameroun est entré le weekend dernier dans la phase préparatoire effective des élections régionales du 06 décembre 2020. Le scrutin annoncé se tient 19 jours avant la célébration de la nativité et 26 jours avant la St Sylvestre. Ces moments sans nul doute, de grande effervescence populaire, sont souvent aussi générateurs d’insécurité dans un Cameroun où d’aucuns agitent et entretiennent la psychose de l’insécurité. Raison pour laquelle, le gouvernement en l’espace de quelques heures, a tenu deux grands moments de préconisation des actions de lutte contre l’insécurité la semaine dernière. par anticipation, et face à l’actualité récente, les pouvoirs publics ont anticipé avec des opérations de bouclage des foyers d’insécurité et de criminalité. Des actions au cours desquelles des éléments des forces de sécurité se manifestent malheureusement par de nombreuses dérives dont le rançonnement des citoyens. Yaoundé amorce progressivement la période des fêtes de fin d’année 2020. Il s’agit de la célébration de la nativité et de la fête de l’an. A la | veille de ces festivités, les citoyens vivent une montée de l’insécurité dans les différents quartiers avec pour corollaire, l’augmentation de la criminalité. «Ça toujours été ainsi. Vers la fin I d’année, il y a beaucoup d’agressions aussi bien dans les quartiers que dans les maisons. Même en journée, les bandits agressent à domicile», déplore Balbine Messina. Un avis partagé par l’opérateur économique, Serge Manga: «Avec la crise sanitaire qui a ralenti l’économie, il faudrait que la population soit prudente. Les malfrats profitent toujours de ces occasions pour semer le désordre dans les ménages et ôter la vie à leurs semblables dans le but de se faire de l’argent facilement.» Dans ce contexte, la police et la gendarmerie organisent et multiplient des patrouilles dans les principales zones à risque de la ville. Ces opérations de rafle et de patrouille consistent à boucler les quartiers et cibles à problèmes pour en appréhender tout le monde. Ces opérations ont généralement cours de nuit ou au petit matin. Elles aboutissent généralement aux contrôles mixtes constitués des policiers, gendarmes et militaires. D’après les sources sécuritaires, elles visent la sûreté des habitants, surprennent l’ennemi et aboutissent l’interpellation des malfaiteurs. Des coups. de filet salués par les citoyens, qui sont l’objet de violences au quotidien par des hors la loi. Depuis un moment cependant, les populations font monter des plaintes. Car, victimes des policiers et gendarmes chargés de leur sécurité. Un phénomène qui prend de l’ampleur dans les quartiers des capitales. «C’est bien quand tu rentres du travail dans la nuit et de voir les policiers ou gendarmes. Tu te sens en sécurité. Parmi ces hommes en uniforme, nombreux sont ceux qui, les premiers, nous arnaquent», confie un habitant. «Il j n’y pas longtemps, il y a eu rafle ! dans mon quartier très tôt le matin. Mon fils que j’ai envoyé acheter du pain m’appelle qu’il a été interpellé. Quand j’arrive, j’échange avec les agents, puisqu’il y avait deux policiers, j un gendarme et un militaire, l’un d’eux me demande les droits de i passe. Je lui demande ce que i c’est, il me dit que je leur donne 2000 Fcfa au regard de leur nombre. Tout ceci pour qu’il n’amène pas mon fils», ressasse Théophile K., un chef de famille. Abus de pouvoir Dans la plupart des cas, sans motif, les personnes interpellées déboursent des sommes sur ordre de certains agents qui exercent des abus de pouvoir en infligeant des séances de travail manuel à leurs victimes. «Pour me remettre ma carte nationale d’identité (Cni), j’avais été contraint de défricher un commissariat. C’était la seule condition. Pourtant j’avais été arrêté en possession de ma Cni», se souvient Lucien. Ici, impossible de retourner chez soi sans débourser de l’argent. D’où des formules du genre: «on n’entre pas dans chefferie et on ressort comme ça. Il faut donner quelque chose», ainsi que le rappelle un conducteur de moto. Il dit avoir été interpellé lors d’un contrôle. Malgré la présentation de ses pièces personnelles et celles de l’engin à deux roues, il lui avait été demandé de payer. Son opposition catégorique lui a valu le retrait doublé de la confiscation de sa carte nationale d’identité pendant plusieurs mois. Face à ces abus, «généralement, lors des patrouilles et des rafles, on demande les pièces personnelles. Il arrive des fois où ceux qui ont des cartes soient embarqués. Une fois au commissariat, ils sont enregistrés pour différents motifs. Ceux qui détiennent leur Cni sont classés d’un côté, d’autres de l’autre côté pour défaut de Cni. Mais les plus suspects ont un traitement différent», explique un commissaire de police. Une fois-interpellé par une unité de commandement, le délit est consommé. Les personnes concernées sont enregistrées, confiées aux enquêteurs et soumises aux auditions. Leur libération est conditionnée par un bon de libérer. «Nous relâchons les détenteurs de Cni même si la personne s’est retrouvée en cellule. Après son audition, il est libre. Puisque son enquêteur présente un bon de libérer. Pour ceux qui n’en n’ont pas, quand ils arrivent au sein d’une unité de commandement, ils sont attribués aux enquêteurs. Puis auditionnées par ces derniers. Ils sont libres en cas de présentation du bon de libérer», renseigne un enquêteur. Concernant, les multiples arnaques perpétrées par certains agents de sécurité, le commissaire se dédouane en ces mots: «Des troupes sont déployées sur le terrain pour un travail de veille. Nous ne sommes pas avec eux durant leur boulot. La population est dans le droit de dénoncer toute sorte d’arnaque d’un agent. Car, il y a des mauvaises graines partout. Si la population ne dénonce pas, nous ne saurons pas de quoi elle est victime par certains agents.» Toutefois, le problème de délivrance de la Cni par l’organe en charge demeure. Ce qui amène la société à se munir des récépissés de Cni affaiblis par la prorogation répétée, et l’invalidité.


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