‹‹ la violence semble avoir déjà fait son lit dans notre pays››

Me Jean Guy Zogo, homme politique « Le terrorisme provoque la répression, mais la répression organise : le terrorisme » disait André Malraux. ‘ Ces propos donnent un aperçu de la dualité, voire de la complexité de la lutte contre le terrorisme, hier comme aujourd’hui. Toutes les médailles ont leurs revers. Les moyens de communication, de circulation des personnes et des biens, ainsi que les mutations technologiques et sociopolitiques, ont, en facilitant les échanges et le quotidien des Populations, permis au côté le plus obscur de la nature humaine de s’exprimer pleinement, et de se donner à voir avec éclat et emphase. La population du Cameroun, essentiellement jeune, est donc en majorité composée de personnes n’ayant jusqu’ici jamais vraiment connu dans leur chair, les affres de la guerre Conoo. au Rwanda, en Côte d’ivoire, au Tchad, au Nigeria, en Afrique du sud, en Libye, au Burundi ou encore au Soudan; au point où, beaucoup ont cru le Cameroun, que certains Hommes politiques ont qualifié de » havre de paix », est éternellement à l’abri. C’était sans compter avec la mondialisation, les jeux et enjeux géopolitiques mondiaux, sur fond de néocolonialisme, fruit d’une guerre des civilisations, dans laquelle l’Afrique s’est retrouvée plongée, malgré elle, à partir du jour où, les Arabes, puis les Occidentaux, se sont intéressés à ses innombrables richesses, réduisant tour à tour, sans pitié, les populations Africaines en esclavage depuis des siècles. Aujourd’hui, avec les incursions de la secte islamiste boko Haram sur notre sol, les incursions des groupes armés à l’Est, le banditisme transfrontalier, la piraterie maritime dans le golfe de Guinée, la crise dite anglophone, et la crise post-électorale qui a suivi l’élection présidentielle de 2018, la violence semble avoir déjà fait son lit dans notre pays; et les images qui hier encore considérées comme réservées aux autres pays, s’installent peu à peu, et durablement, dans le quotidien des Populations Camerounaises. Toutefois, jusqu’à un passé récent, la capitale du Cameroun semblait, comme le Titanic à l’époque, insubmersible, puisqu’épargnée, et visiblement surprotégée. Et malgré les souffrances et la terreur dans laquelle, des individus sans foi ni loi, ont plongé la vie de nos compatriotes des trois régions septentrionales, à l’Est, au Nord-ouest, au Sud-ouest, le comportement des populations de la capitale politique, donnait à penser qu’elles avaient finalement fait leurs, les propos du Président de la République qui avait dit « tant que Yaoundé respire, le Cameroun vit… ». Mais, comme pour le Titanic, la réalité semble aussi être en train de s’imposer aux habitants de Yaoundé, ville cosmopolite, qui, indubitablement, ne vit pas en autarcie. Quoi de plus normal donc, que l’annonce de la présence d’un engin explosif improvisé, au Ministère de la Fonction publique, provoque la psychose. Ajouté à la situation sociopolitique nationale exécrable, gangrénée par le tribalisme, avec en toile de fond, une lutte acharnée et sans pitié pour la succession au sommet de l’État, ou aux multiples explosions déjà enregistrées à Yaoundé, et au règne de la rumeur dans notre pays, les ingrédients d’une peur viscérale de la survenue d’une guerre civile sont réunis. Et c’est trivial : Yaoundé est le siège des institutions républicaines, le « cœur du pays », le dernier rempart contre la déstabilisation de notre pays, le centre du pouvoir étatique. Le Cameroun, avec tous les problèmes que le minent actuellement, est à la croisée des chemins, et les choix que font ses dirigeants, détermineront son avenir à court et moyen terme. Voilà pourquoi je préconise sans cesse, l’instauration d’un véritable dialogue politique national inclusif pour l’élaboration d’un contrat social Camerounais consensuel à même de fédérer la majorité des filles et fils du Cameroun. Et en attendant, le renforcement des mesures de vigilance et de sécurité est plus que nécessaire ».


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