Une centaine d’enseignants titulaires des doctorats PhD non retenus lors de la première vague de recrutement de près de 1500 enseignants dans les universitaires d’État du Cameroun sont en colère. Depuis le 14 decembre 2019, les mécontents et frustrés font le pied de grue devant le Ministère de l’Enseignement Supérieur à Yaoundé. Ces grévistes dénoncent plusieurs irrégularités, notamment, des doublons sur la liste des candidats recrutés, des masters recrutés en lieu et place des titulaires de doctorats PhD. Ceux-ci soupçonnent par ailleurs « une forte odeur de délit d’initié », selon le porte-parole du collectif. Ils réclament la publication d’une liste additive « à tout prix », argue Brigitte Lekane Mvomo. Du côté du Minesup, on voit la chose autrement. « Il n’est pas question de publier une liste additive. Les listes ont été toilettées. Il y aura des remplacements aux doublons », explique le responsable de la communication dudit ministère, Jean-Paul Mbia. Infatigable grévistes Cela fera bientôt 30 jours que ces hommes et femmes écument l’entrée principales du ministère de l’Enseignement Supérieur pour revendiquer l’insertion de leurs noms dans les listes définitives des enseignants recrutés dans les universités d’État. Pas moins de 1500 personnes, toutes titulaires des doctorats Phd. Depuis la publication de la liste des 1237 enseignants retenus, les frustrés et mécontents ont élu domicile devant cette institution. «Assis à même le sol et malgré la canicule, ils ne se fatiguent pas de rester là. On est déjà habitué a les voir à cet endroit depuis bientôt un mois», témoigne un usager de ce département ministériel. Usagers,personnels et ces grévistes d’un autre genre se cotoient allègrement à l’entrée principal du Minesup chaque jour. Pas facile de résister Les protestataires sont certes des résistants, mais le climat froid et sec de ces premiers jours du mois de janvier 2020 a fait quelques victimes. Des cas de maladie ont été enregistrés. À ce jour, « quatre ont été internés, dont deux à Yaoundé. Un a été transféré à Bafoussam, et un autre à Douala », précise Rodrigue Tasse, porte-parole du groupe. « Il y a parmi nous, en ce moment, des congénères qui ont sur eux des perfusions, des maladies suite au climat instable », ajoute-t-il. Fêtes de fin d’année à la belle étoile Ces docteurs PhD y ont passés les fêtes de fin d’année. « Nos enfants sont venus fêter avec nous ici », révèle Brigitte Lekane Mvomo, le leader de ce collectif de candidats recalés à la première phase de recrutement. Ils y passent des journées et des nuits. « Chaque nuit, nous nous levons à 3h du matin. Nous faisons une prière œcuménique. Après, nous essayons de réfléchir pour trouver de nouvelles stratégies de combat », explique Rodrigue Tasse. « Au levée du jour, nous faisons de l’investissement humain. Nous sommes dans une démarche pacifique, donc maintenir notre environnement actuel propre est notre souci », poursuit-il. Les journées se suivent et se ressemblent pour ces docteurs recalés. Le quotidien est fait de revendications. « Les émissaires du Minesup ne viennent plus vers nous pour des négociations depuis que nous avons dit non à tous types de négociations », dévoile Brigitte Lekane Mvomo. Pour leurs bains et autres besoins naturels, ils vont dans des toilettes publiques qui se trouvent au rez-de-chaussée de l’immeuble dont ils occupent la cour. Des bouloirs sont visibles dans un coin. Pas loin de là, des sacs, des seaux et des assiettes sont entassés dans un coin. Des nattes posées sur des cartons servent de lits aux manifestants.
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