Depuis quatre ans, le Cameroun vit au rythme d’une pénurie de monnaie qui paralyse l’activité économique sur l’étendue du territoire et dans la sous-région. La saisie dans un domicile privé à Douala, de 43 sacs remplis de pièces de 50 Fcfa et 100 Fcfa d’une valeur de deux millions de FCFA, par les éléments du groupement territorial de la gendarmerie de Douala, en novembre 2018, appartenant à des exploitants de machines à sous, a ouvert une piste de réflexion sur les pénuries de pièces de monnaie observées dans les espaces marchands. Ainsi, dans la foulée de cette découverte, en marge du 4ème comité de politique monétaire de la BEAC tenu le 18 décembre 2018, Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de cette institution, affirmait que le volume de pièces en circulation avait chuté de 10% à 3,5% en 50ans. Aussi,’annonçait-il dans la foulée l’ouverture d’une enquête sur la pénurie de la monnaie métallique en zone CEMAC. Face à la pénurie, les parlementaires ont plusieurs fois interpellé le gouvernement qui, en date du 28 juin 2019, a reconnu que le problème était su et qu’une solution allait être trouvée. Seulement, celle-ci depuis l’annonce par le vice-gouverneur de la mise sur le marché d’un nouveau stock de pièces en novembre 2019, ne filtre rien. Tous les petits commerçants, transporteurs, moto-taxis et taxis subissent les affres de cette rareté. Toutes choses qui profitent aux commerçants qui procèdent à des augmentations de prix. Pourtant, selon le communiqué final de la rencontre du 02 avril 2019, le conseil d’administration de la BEAC a autorisé le gouvernement de la banque, d’une part, à entreprendre des démarches auprès des Etats de la CEMAC en vue d’interdire l’usage des pièces de monnaie dans les salles de jeux, et d’autre part, à définir un plan pluri-annuel de mise à disposition des pièces au profit des populations. La rareté des pièces qu’on observe depuis quelques années est due à divers problèmes. La fabrication des bijoux développée par la filière asiatique est révélatrice de l’ampleur du trafic de ces pièces. Une situation qui entretient la pénurie, favorisant au passage l’exportation de la monnaie métallique en circulation en zone CEMAC. Les opérateurs de salles de jeux et de machines à sous, sont eux aussi pointés du doigt. Ces derniers, pour maintenir vivantes et compétitives leurs affaires, sont obligés de faire tourner l’argent en circuit fermé dans leurs différentes salles. La disparition d’une partie de la masse monétaire dont font partie les pièces, paralyse le financement des opérations économiques au niveau du commerce de détail.
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