Depuis des années, les créateurs des œuvres de l’esprit revendiquent l’élaboration de leur statut social au ministère des Arts et de la Culture et aux organismes de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur. A la faveur de la fête de la musique célébrée lundi, le débat sur le statut social de l’artiste camerounais refait surface. En 2012, l’artiste camerounais Sam Mbendé posait déjà la question de savoir : pour une infime minorité d’artistes qui réussissent encore à vivre de commandes et de droits d’auteur (malgré leurs portions congrues), combien d’autres, la plupart dans tous les cas, vivent d’expédients et parfois même meurent, faute de les trouver ? Pour lui, évidemment, certains artistes sortent certes du lot, mais la multitude doit vivre souvent d’une activité qui n’a rien à voir avec leur art. Le 9 mai 2020, le Syndicat national des acteurs de musiques urbaines du Cameroun (Synamurca) tenait sa première Assemblée générale à Yaoundé. Anciens et jeunes professionnels de ce secteur spécifique de l’industrie musicale, qui avaient honoré de leur présence la rencontre qui se voulait fédératrice, vont estimer que « Le statut de l’artiste musicien au Cameroun est presque inexistant, bien que la profession soit reconnue par le code du travail ». Cet acte 1 de l’Assemblée générale du Synamurca était l’occasion d’affilier un ensemble d’acteurs capables de construire ce qui sera considéré comme ce bouclier, devant sécuriser le statut et les orientations de la profession d’artiste ; autant, qu’il participera à construire le couloir des musiques urbaines. Réclamant les mêmes droits que les autres professions libérales, à l’instar des médecins, des avocats, des journalistes, entre autres, les artistes de la musique urbaine camerounaise étaient environ 500 à s’engager pour leurs revendications au sein du Synamurca. Parmi eux, des noms célèbres, notamment Krotal (le président), Tony Nobody, Koppo, entre autres. Le regroupement qui se veut réparateur de la profession, s’est donné pour mission principale l’amélioration des conditions de vie de l’artiste musicien, et surtout, l’établissement d’un statut. Pour le secrétaire général, Nga Tsimi Betayene, la question du droit d’auteur doit être revue. «L’artiste musicien doit vivre de son métier », a-t-il appuyé. Ces derniers temps, d’autres artistes musiciens sont montés au créneau appelant au boycott de la célébration de la fête de la musique cette année. Pour eux, l’artiste est un travailleur qui mérite dignité et respect. Les artistes camerounais, qu’ils soient chanteurs, musiciens, instrumentalistes, acteurs de cinéma et de théâtre, danseurs, metteurs en scène, stylistes, plasticiens…, contribuent, par leur travail, à l’enrichissement culturel, social, économique et politique de leur pays. Une recommandation de l’Unesco. C’est le 27 octobre 1980 au cours de la conférence générale de l’Unesco qu’une recommandation relative à la condition de l’artiste est adoptée. Dans ladite instruction, il est rappelé que*« … certaines normes excluent formellement les artistes ou certaines catégories d’entre eux, en raison des conditions spéciales de l’activité artistique» et la recommandation considère que « … la qualité de travailleur culturel qui est reconnue à l’artiste doit entre autres, lui assurer sa dignité et son intégrité… ». Bien plus, une «… action des pouvoirs publics devient nécessaire et urgente pour porter remède à la situation préoccupante des artistes ». Au Cameroun, le Droit du travail dans son article (2) qui dispose que : «Est considéré comme « travailleur » au sens delà présente loi, quels que soient son sexe et sa nationalité, toute personne qui s’est engagée à mettre son activité professionnelle moyennant rémunération, sous la direction et l’autorité d’une personne physique ou morale, publique ou privée, celle-ci étant considérée comme « employeur ». Pour la détermination de la qualité de travailleur, il ne doit être tenu compte ni du statut juridique de l’employeur, ni de celui de l’employé.». Au pays de Paul Biya, de fait donc et par voie légale, l’artiste est reconnu comme étant un « travailleur » dit normal l’exception ne lui étant pas reconnue par le législateur.
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