Boris Bertolt nous relate les premiers jours de Mebe Ngo'o et son épouse à kondengui.
Sil y’a un homme dont le ciel d’airain est tombé sur la tête ces derniers jours, c’est bien Edgard Alain Mebe Ngoo alias bebé dog. L’homme vient de se rendre à l’évidence qu’on est jamais assez fort pour être le principal maitre de son destin .Depuis vendredi dernier à 23heures précises, sa mine selon nos contacts à kondengui en dit long sur ses cogitations qui agitent sa tête et qui hantent désormais ses pensées à chaque seconde. D’abord,Mebe Ngoo n’a jamais pu imaginer se retrouver à la prison centrale de Kodengui. Lui qui a été l’un des principaux ouvriers de l’opérationnalisation de l’opération Epervier n’avait jamais pu imaginer qu’un jour, il rejoindrait ses nombreuses victimes et pire encore, qu’il cohabiterait avec la plupart d’entre eux dans un même quartier de la prison. En effet, la première surprise de Bebe dog aura été de se voir conduire dans le petit local 3 du quartier spécial 14 qu’occupait jusque-là tout seul le professeur Mendo Ze. C’est à plus de minuit effectivement qu’il découvre son nouvel appartement et son nouveau colocataire. Le Professeur allongé avec un drap vert au niveau des pieds a les yeux ouverts à cette heure de la nuit quand le régisseur et deux gardiens de prison sonnent à la porte de sa petite chambrette. Ils s’entendent alors répondre « c’est ouvert » de la part du professeur. Ce dernier n’est pas du tout surpris lorsqu’il voit entrer son frère du Dja et Lobo vêtu d’un boubou blanc avec les mains croisées à l’arrière. Il avait déjà été prévenu par le régisseur qu’il cohabiterait desormais avec un de ses freres. Une fois à l’intérieur, deux gardiens de prison s’empressent de faire rentrer les deux valises de l’ancien MINDEF en les serrant près de la petite porte qui mène aux toilettes. Le temps pour le régisseur de prendre congés d’eux, le professeur Mendo s’emballe aussitôt de nouveau dans son petit drap feignant de n’avoir pas vu son hôte du soir. Mebe Ngoo visiblement gêné va s’assoir sur son petit lit d’une place et ayant baissée la tête va y rester près d’une heure, avant qu’il ne se resolve finalement à oter ses chaussures légères de ses pieds et de grimper sur son lit. Sans se couvrir, il restera allongé jusque dans les environs de 9 heures le samedi jusqu'à ce qu’il entende une petite voix lui dire « Ma ke Messe.Mendim me ne ewobone ». Cest le Professeur Mendo Ze épris de compassion qui lui avait indiqué le chemin des toilettes avant que lui,ne s’en aille pour les petites messes catholiques de samedi à Kondengui .A sa surprise, il entendit une petite voix lui dire « Akiba ». C’était Alain comme l’appelle Mendo Ze qui répondait ainsi timidement. Ohh le pauvre. Cette journée-là, Mebe Ngoo ne put sortir du lit qu’aux environs de 13heures. Il s’agissait d’un réveil au forceps c’était son ami et voisin le plus proche, détenu au local 2 du même quartier, Atangana Kouna alias Don Basilio qui avait poussé sa porte en s’écriant « Alain !» pour le sortir de son sommeil. Feignant un sourire, Mebe Ngoo se lève et serre de la tête d’Atangana Kouna avec qui il passera près de trois heures de temps cest-a dire jusqu’aux environs de 17heures. Mebe Ngoo venait d’avoir un premier réconfort. Aux environs de 18 heures, un intendant de prison rentre dans le quartier avec un petit sac bleu pour lui remettre de la nourriture sans manquer de lui dire d’où elle venait. Il ira directement se coucher et se replonger dans ses soucis après son repas et voici venu dimanche. Pour ceux qui connaissent comment ca se passe à kondengui le dimanche, cest la journée des cultes ou tous les détenus rejoignent leurs différentes obédiences. Les Catholiques confondus se retrouvent tous à l’estrade du quartier 3 pour le culte, les églises de réveil se partagent la grande salle des mineurs au quartier 13 (bis) et les protestants se retrouvent au quartier 1. Justement , Mebe Ngoo qui est protestant restera couché alors que tout le quartier spécial 14 se vide pour le culte à l’exception de Iya Mohammed qui est musulman. L’AMI DON BASILIO Apres le culte, Mendo ze retrouvera son co-chambrier allongé sur le lit et suivant les informations sur France 24. Neanmoins,Mebe Ngo’o lui lancera quand meme : « Ye Sondo A mane ya ? » (la messe est finit ?) et MENDO ZE de repondre « Bia tabe ki ayap sauf eyong bi bili bone be ceremonie» (On ne dure pas sauf quand on a des cérémonies). Cette journée passera également sans heurts. Précisons tout de même qu’encore une fois, il reçut néanmoins la visite de Don Basilio aux environs de 19h. Voici venu le lundi. Une fois la matinée du lundi arrivée, l’ancien Mindef se décide enfin de sortir de son local et vetu d’une gandoura blanche, il interroge deux des petits majordomes du quartier 14 qui servent à l’entretien de la vaisselle et autre nettoyage de sol des pensionnaires de ce quartier contre petite récompense en fin de chaque semaine. C’est à ce moment ou il s’entretient avec ces deux garçons que l’ancien ministre de la santé vient à passer par là. Mebe Visiblement gêné essaye d’esquisser un sourire mais, le Dr Urbain Olanguena Awono a tôt fait de vite passer comme si devant lui, il n’y avait que de l’air. Mebe Ngoo conscient qu’il a bel et bien été aperçu par Olanguena rentre rapidement dans le local et y reste jusqu'à la visite de Don Basilio à qui il s’empresse de raconter cette situation. Quelques temps apres, Don Basilio sort du local 3 pour arpenter l’escalier qui mène vers la chambre de Urbain Olanguena. Nul ne doute que c’était pour aller lui demander de fléchir un peu sur ses positions contre l’ancien Mindef puisque tous se retrouvent aujourd’hui victimes. Toujours est il que le lundi soir arrivé, les nombreux regards que l’on voit Mebe Ngoo jeter au travers de la porte et parfois interpelant un des majordomes comme pour se renseigner sur quelque chose en disent déjà long sur le pressentiment concernant son épouse Bernadette qui arrivera effectivement à Kondengui aux environs de 17h30.Il ne pourra plus supporter cela et se retournera donc dans sa chambre après avoir croisé le regard de l’ancien Ministre d’Etat SGPR ,Jean Marie Atangana Mebara qui bizarrement fera également comme si il n’y avait personne devant lui. Il passera tout près de Mebe Ngoo sans pouvoir se retourner pour apercevoir une présence humaine à ses cotés . Pourtant et paradoxalement selon ce qui nous revient de Kondengui, un neveu de l’ancien SGPR MEBARA qui était allé rendre visité à son oncle ce même jour, après avoir raconté à son oncle qu’une certaine écrivaine du nom de Calixte Beyala avait relayé l’information selon laquelle il y’avait eu une bagarre entre lui et le nouveau venu Mebe Ngoo se verra donner cette réponse par MEBARA : « Filston, il faut beaucoup prier pour cette dame, pour qu’elle ne connaisse jamais la prison. Surtout la prison au Cameroun » Il ajoutera même qu’il avait adressé la même priere à Dieu pour le cas de son jeune frère Mebe Ngoo mais que Dieu ne l’a pas exaucé. Pour finir, Mebara confiera à son neveu qu’il s’étonne de ce lynchage à l’endroit de quelqu’un qui vient d’être aussi durement frappé, au delà des espérances de ses pires ennemis ? . LA RENCONTRE AVEC BERNADETTE Mebe Ngoo de son coté,lui, venait de se rendre compte qu’il va vivre une prison dans une prison. Vivre avec des voisins qui ne vous adressent pas la parole mais, le plus dur pour lui, c’est l’entrée de ce jeune gardien de prison qui accoure vers lui pour lui dire « Monsieur le Ministre, votre femme est déjà là ».Bien entendu il sait que ce n’est pas pour une visite de courtoisie. C’est pourquoi il rentre dans son local tout effondré et ceux qui l’apercevront ce matin remarqueront qu’il avait les yeux tout rouges tels des boules de feu. Il a dut couler les larmes à l’annonce de l’arrivée de son epouse. Ce jour Mardi , arrive egalement avec son lots de surprises. En effet, dés le matin,Mebe Ngoo vetu d’un ensemble Afritude s’empresse de demander à Mendo ZE comment s’y prendre pour rencontrer son épouse. Ce dernier lui demande de se rapprocher de l’administration, habilitée elle seule à donner une autorisation pour que des couples officiellement mariés puisent souvent se voir en prison. Il s’empresse donc de rédiger une doléance à l’endroit du régisseur qui repond tout de suite en demandant qu’il se fasse recevoir par son adjoint appelé ici SCEDASCE, qui est en realité le chef de service en charge de la discipline interieure. 13h,deux gardiens de prison vont extraire Bernadette et Egard Alain Mebe Ngoo pour les conduire donc vers le scedasce qui est un anglophone. Ce dernier les reçoit pendant 30 minutes pendant lesquelles il s’enquiert d’un certain, nombre de renseignements et prend congé d’eux aussitôt. Mebe Ngoo n’a pas imaginé même dans ses cauchemars les plus violents qu’il était autant détesté même par les prisonniers. En effet, pendant qu’il traverse la grande cour de la prison aux environs de 13h30 minutes en compagnie de son epouse pour rejoindre leurs différents quartiers, les détenus se mettent à crier en chœur : « wouuuuu les voleurs !! » et deux d’entre ces détenus les plus excités viendront soulever la robe de Bernadette laissant entrevoir son entrecuisse. Alors qu’elle s’agrippe derriere son mari, les gardiens de prison viennent à leurs renfort et entrainent aussitôt les deux délinquants en cellule dans le sous sol de la prison sans avoir manqué de les enchainer sur ordres du régisseur ayant appris l’incident. Une gardienne femme prendra le soin de ramener Bernadette au quartier 5 tandis qu’un gardien conduira Mebe Ngoo au quartier 14. Il retrouvera à l’entrée de son local Don Basilio à qui il va se mettre à raconter ses déboires avant de regagner l’intérieur d’où il n’en ressortira plus jusqu'à 17h au moment ou nous bouclons ce INSIDE KONDENGUI. Rappelons que Mebe Ngoo est encore pour le moment interdit de visites. Il ne peut recevoir personne pour le moment et recoit sa nourriture par certains membres de sa famille au travers de l’administration pénitentiaire. Ainsi s’achève notre Inside Kondengui de ce jour… Qui tue par l’épé meurt par l’épée. BORIS BERTOLT