Bertoua -Yokadouma :Le coût du transport est d'au moins 15000 Fcfa pour 290 km.
Les déboires des populations de cette partie du pays sont palpables. Le mauvais état de la route accentué par la saison pluvieuse actuelle augmente la durée du déplacement. Les petites voitures ont volé la vedette au car Saviem et aident à résoudre le problème depuis plus de 5 ans que cela dure sur une route où passe les ressources forestières exploitées dans la Boumba et Ngoko et au Congo-Brazzavile voisin. Pour rallier la ville de Yokadouma, en passant par Batouri dans le département de la Kadey à partir du chef-lieu de la région de l’Est, les passagers sont obligés d’emprunter les petits véhicules en cette période de l’année. Notamment, pour les usagers disposant des moyens financiers sûrs et qui veulent arriver à temps. «Nous sommes obligés de payer entre 14 000 et 18 000 FCFA pour y aller, sinon nous allons attendre pendant longtemps, souvent toute une journée », indique Florence Bonas, une habituée de cette route. Pour elle, comme pour d’autres usagers en partance ou en provenance du département de la Boumba-et-Ngoko, «c’est la réduction du délais de route qui nous importe». En effet, ces petites voitures parcourent les 290 km qui séparent les deux villes en moins de 10 hre de temps là où les cars Saviem mettent pratiquement 48 hre. «C’est vrai qu’en acceptant d’embarquer dans ces véhicules roulant à tombeau ouvert avec parfois 8 personnes à bord, hormis le chauffeur, nous prenons de gros risques mais nous pensons qu’on en prend partout et dans tous les domaines au quotidien», affirme un des passagers rencontré à la gare routière de Batouri située au « ministère du soya » de la ville de Bertoua. Et les accidents ne manquent pas. Dont l’un des plus marquants reste celui qui a ôté la vie en 2013 à Éric Placide Béa, l’ancien PCA de la FPTC, ainsi qu’aux sept autres passagers du véhicule qui les transportait. Récemment encore, la rubrique des faits divers s’est enrichie par la découverte, plus d’une semaine après leur disparition, des corps sans vie d’un véhicule qui avait fini sa folle course dans les eaux froides du fleuve Kadey. Du côté des chauffeurs de ces voitures, malgré ces accidents, c’est la sérénité. « Avant de nous engager sur cette route, nous nous assurons de l’état de nos véhicules. Outre les accessoires (freins, embrayage, etc.), nous renforçons les amortisseurs car nous sommes conscients de ce qu’emprunter une pareille route augmente les risques de détérioration de nos engins », confesse Abdoulaye Issa, l’un des chauffeurs de cet axe. Tous sont cependant d’accord pour dire que « c’est le mauvais état de la route et les nombreuses barrières de contrôle qui sont à l’origine de cette augmentation du tarif de transport ». Pas plus tard que le 31 octobre dernier, les populations de l’arrondissement de Ndélélé dans le département de la Kadey ont observé un mouvement d’humeur sur cet axe. A l’origine, elles revendiquaient l’absence du bitume tout au moins l’entretien de la route qui est dans un état de dégradation très avancée. « Notre revendication est toute simple, c’est l’état de la route. Que la route soit arrangée, en cette saison des pluies, il est pratiquement impossible d’entrer ou de sortir de cette localité à cause du mauvais état de la route. Même le simple entretien il n’y a pas. Comment peut-on vivre dans cette situation ? Ce n’est pas possible », se révolte Bidjobé Louis un natif de la zone. Son frère Gédéon Yossavah est plus prolixe. « Nous voulons que cette route soit bitumée de manière définitive jusqu’à Bertoua. Cela nous épargnera de cette souffrance ». Rappelons que pour exprimer leur colère, les populations de l’arrondissement de Ndélélé avaient érigé des barricades sur laxe principal qui traverse la localité, paralysant ainsi tout trafic. « J’étais arrivée à Ndélélé ce jour au petit matin et j’étais immédiatement tombé sur cette barrière des populations révoltées. Je n’avais pas de choix que de garer mon petit véhicule et d’attendre », affirme Ibrahima, un conducteur d’une petite voiture qui fait la ligne. L’action de ces populations avait mobilisé un grand nombre de riverains, ainsi que de multiples usagers de cette route.