Un ancien recteur de l'université de douala acquitté au tribunal criminel special

Pr Bruno Bekolo Ebe a été déclaré non-coupable cet après-midi pour faits non-établis.

 

Par Serge Aimé Bikoi

 

Il en est de même de deux de ses coaccusés au rang desquels figurent Pr Louis Max Ayina Ohandza, ancien directeur de l’Institut universitaire de technologie (Uit) de Douala, et Mboudou, ex-directeur des affaires administratives et financières. Par contre, deux autres coaccusés, aujourd’hui en fuite depuis l’enclenchement de ce contentieux judiciaire en 2018, sont condamnés à vie. Il s’agit de Fon Ruben Akoumah, ancien agent comptable de l’Université de Douala, et Pokam, ancien intendant du restaurant universitaire.

Après cinq ans de bataille judiciaire, Pr Bruno Bekolo Ebe et deux de ses coaccusés respirent, désormais, l’air de la liberté depuis cet après-midi du mercredi, 24 mai 2023. Le juge du Tribunal criminel spécial (Tcs) a finalement rendu le verdict final dans l’affaire liée aux supposés détournements de deniers publics pour laquelle ils avaient été mis en jugement. Huit charges à titre individuel englobant le supposé détournement de 161 millions de Fcfa avaient été retenues contre l’ancien patron de l’Université de Douala. Il y avait aussi une supposée coaction de 2,1 milliards de Fcfa avec l’ex-agent comptable, Fon Ruben Akoumah en fuite aujourd’hui condamné à vie. Mais Pr Bekolo Ebe avait obtenu l’annulation de toutes les “fautes de gestion avec incidence financière” du rapport évoqué devant le tribunal administratif du Centre en décembre 2020. Concernant la charge de coaction, l’accusation reprochait à l’ancien recteur d’avoir cosigné des chèques ayant permis d’effectuer des retraits d’argent dans les comptes bancaires de l’université sans s’assurer du reversement desdits fonds dans les caisses de l’institution, ni présenter les pièces justificatives de l’utilisation de cet argent. Toute chose qui l’a rendu “comptable de fait”, selon l’accusation. Mais au bout du compte, cette charge a été aussi rejetée.

Pr Louis Max Ayina Ohandza est aussi acquitté pour faits non-établis. L’ancien directeur de l’Institut universitaire de technologie (Uit) de Douala était accusé d’avoir géré la somme de 534,6 millions de Fcfa sans requérir le visa budgétaire du contrôleur financier, ni faire intervenir l’agent comptable de l’université. Après la plaidoirie de ses avocats le 9 mai 2023 à la dernière audience, Pr Ayina Ohandza est, aujourd’hui, reconnu non-coupable des faits qui lui étaient reprochés.

Autre coaccusé non des moindres acquitté c’est Mboudou, ex-directeur des affaires administratives et financières de l’Université de Douala. Ce dernier répondait de deux charges. En effet, le Tcs l’accusait d’un détournement présumé de 290 millions de Fcfa reçu pour l’achat dit fictif de 1,1 million de cahiers de composition pour le compte des écoles et facultés de l’Université de Douala. Cette juridiction l’accusait également d’avoir détourné, en 2008, 36 millions de Fcfa, soit le reliquat de 70 millions de Fcfa décaissés pour l’achat des livres pour la bibliothèque centrale de l’université auprès d’un partenaire français. Au finish, cet ancien agent comptable est, lui aussi, reconnu non-coupable.

Rappelons que Bruno Bekolo Ebe, Ayina Ohandza et Mboudou avaient été interpellés, tous les trois, en mars 2018 pour des détournements présumés de fonds publics. Tous avaient été inculpés et écroués à la prison centrale de Yaoundé. Interné aujourd’hui à l’hôpital général de Yaoundé, l’ancien recteur de l’Université de Douala, qui recouvre, cinq ans après ce tourbillon judiciaire, sa liberté, a clamé, lors de l’avant-dernière audience, qu’il est victime de la vengeance. Il fait savoir que sa famille est, aujourd’hui, en lambeaux à cause de cette affaire judiciaire non-fondée. Bekolo Ebe dit avoir perdu son frère cadet qu’il n’a pas hésité à mettre à la disposition de la justice dans le cadre de l’affaire de détournement. “Par mes diligences, la chambre criminelle du Tribunal de grande instance (Tgi) du Wouri a été saisie et ma famille est, aujourd’hui, en lambeaux en raison de la dénonciation que j’ai faite de mon propre frère qui, suite à cette dénonciation, s’est donné la mort”, indique l’ex-recteur qui poursuit : “Plus grave, plus douloureux et plus dur à vivre pour moi, alors que j’étais privé de ma liberté d’aller et venir, j’ai perdu mon épouse qui n’a pu supporter l’avanie de ma détention et que je n’ai même pas pu accompagner jusqu’à sa dernière demeure”.


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