Depuis l’enclenchement, le 14 février 2022, du mouvement de grève des enseignants, le gouvernement camerounais s’escrime à régler les revendications des seigneurs de la craie du secondaire. Lire la tribune du journaliste et sociologue Serge Aimé Bikoi : Pourtant, ce sont les enseignants du primaire, à travers le Syndicat national des instituteurs contractuels et des maîtres des parents (Snicomp), qui étaient les premiers à lancer le mot d’ordre de grève. Le préavis de grève a, d’ailleurs, été déposé le 2 février 2022 auprès des autorités gouvernementales. Le collectif « Ots(On a trop supporté) a emboîté le pas aux instituteurs le 21 février 2022 au point où aujourd’hui, la situation s’enlise. La dette des enseignants du secondaire se chiffre à 181 milliards de Fcfa en termes de prise en solde, avancements, complément de salaire, indemnités de non-logement, etc. En dehors de la somme des 2,7 milliards de Fcfa, qui doit être débloquée pour payer les arriérés de correction d’examen datant de 2020, le gouvernement camerounais a décidé, au cours de ce mois de mars et ce jusqu’à la fin de cet exercice budgétaire, d’apurer le règlement de la dette due au non-logement au 5289 personnels du ministère des Enseignements secondaires (Minesec), ainsi que celle liée à l’intégration partielle des 20.449 personnels de ce même département ministériel pris en charge au 2/3. Ces deux mesures s’évaluent à 17 milliards 600 millions de CFA, soit 1 milliard 759 millions de CFA par mois. S’agissant des rappels induits par la mise en œuvre de ces mesures, le gouvernement se propose de payer, au courant de cette année et dès le mois de mai prochain, 28 milliards de CFA. Pour l’instant, le gouvernement s’engage à régler 31 milliards de Fcfa sur les 181 milliards équivalant à la dette globale. Ici, il ne s’agit que des enseignants du secondaire tant l’on évoque qu’un seul département ministériel, le ministère des Enseignements secondaires (Minesec). Or d’après des sources crédibles au ministère de l’Éducation de base (Minedub), la dette des instituteurs se chiffre à plus de 150 milliards de FCFA en termes de prise en solde, d’avancements et autres compléments de salaires. Force est de ne pas occulter d’autres revendications non des moindres formulées par des instituteurs grévistes, à savoir le prolongement du recrutement des titulaires du Capiet et du Capiem à l’âge de 45 ans, la prise en compte des instituteurs vacataires, l’augmentation salariale des catégories A1 et A2 et la tenue du forum national de l’éducation. Depuis l’entame du processus de règlement de la dette due aux enseignants, l’attention est davantage accordée aux formateurs du secondaire. Pourtant, il est impérieux d’harmoniser ce procédé en réglant, dans le même sillage, la dette due aux instituteurs, qui ont, eux aussi, d’énormes problèmes socioéconomiques à l’image de ceux du secondaire. En réglant, dans les prochains jours, une partie de la dette due aux enseignants du secondaire, le gouvernement va créer une minoration, une marginalisation et une discrimination à l’égard des enseignants du primaire. L’on tend donc vers la sous-évaluation des instituteurs. Toute chose qui va les frustrer davantage de manière à poursuivre, comme ce lundi, 14 mars 2022, leur mot d’ordre de grève. Si l’on ne prend que 150 milliards de Fcfa relativement à la dette due aux instituteurs et 181 milliards de Fcfa concernant celle des enseignants du secondaire, cela fait, au total, 331 milliards de Fcfa à payer aux enseignants du primaire et du secondaire. En rappel, c’est le 14 février 2022 que le Snicomp a décidé de lancer son mot de grève, lequel consiste à ne pas dispenser les cours les lundi, mardi et mercredi. Ots (On a trop supporté) est entré en scène le 21 février 2022 et a décidé d’arrêter la dispensation des cours du lundi au vendredi. En rappel, il y avait eu, en 2019, une grève similaire. Une concertation avait été étrennée par le gouvernement. Toute chose qui avait permis de dresser l’état des lieux du secteur éducatif. L’on dénombrait, à cette époque-là, 6547 dossiers d’avance de solde, 19862 dossiers d’actes de carrière, 501 indemnités de non-logement, 419 prestations familiales, 550 indemnités de sujétion et 3423 états de sommes dues en attente d’un déblocage des fonds du ministère des Finances (Minfi). Le gouvernement avait alors engagé un échéancier de règlement de cette dette, mais le processus s’était estompé. C’est cet état de choses que redoute, aujourd’hui, le corps enseignant. Serge Aimé Bikoi
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