Les conclusions du rapport 2020 du Comité technique de réhabilitation des entreprises publiques (CTR) sur la santé économique de la Cameroon Postal Services (Campost) sont sentencieuses : « La Campost est une entreprise en faillite dont l’exploitation s’opère en violation des articles 664 et 665 de l’Acte uniforme révisé Ohada sur le droit des sociétés Commerciales». L’amélioration de son exploitation reste conditionnée par les actions ci-après : la mise en œuvre des dispositions de la loi n°2020/004 du 23 avril 2020, régissant l’activité postale au Cameroun, notamment la création par décret du président de la République de l’Agence de régulation qui sera chargée d’assurer le contrôle et le suivi des activités des opérateurs et des fournisseurs de services postaux. Il est à noter que cette inexistence de l’autorité de régulation crée une situation de désordre généralisé où 90% des opérateurs postaux exercent dans l’illégalité, selon le ministère des Postes et Télécommunications (Minpostel). Selon le CTR, l’amélioration de son exploitation passe également par le développement des activités e-post ; le financement du service postal universel (Spu) ; la révision à la hausse des prix de base du service public ; l’assainissement des états financiers. Par ailleurs, la mise en œuvre de la convention des dettes réciproque entre l’Etat et la Campost signée le 03 août 2021 permettra l’amélioration de l’exploitation de cette entreprise. Le CTR note en effet, s’agissant des indicateurs de performances, que la situation patrimoniale et financière de la Campost continue de se dégrader et demeure très préoccupante pour son exploitation. « Les prévisions de réalisation du chiffres d’affaires déclinées en deux grandes composantes, à savoir, l’animation réseau et le courrier des administrations et des entreprises, fixés à 4 772 691 235 ont été réalisés à 72,82%, soit une baisse de 4% par rapport à celui de l’exercice 2019. Outre l’insuffisance du budget commercial pour mener des actions stratégiques et opérationnelles, il appert que les produits proposés manquent d’attractivité par rapport à la concurrence, malgré une augmentation des produits innovants (e-Post et carte visa) », relève le rapport. En 2020, la masse salariale chez Campost représente environ 132% du chiffre d’affaires, contre un ratio moyen pour les entreprises de services qui se situe généralement entre 40% et 45% du chiffre d’affaires. Les capitaux propres de l’entreprises (-94,333 milliards de Fcfa), note le rapport, continuent irréversiblement à se dégrader, ce qui indique, comme mentionné supra, que l’exploitation de cette entreprise s’opère en violation de l’Acte uniforme révise Ohada sur le droit des sociétés commerciales. Cette situation critique révèle, selon le CTR, un risque très élevé qui traduit l’incapacité de la société à faire face à ses engagements à court comme à long terme, avec un ratio de liquidité générale de 0,15 et de solvabilité de -0,41 en 2020 contre 0,17 et –0,43 en 2019. Le résultat net de l’exercice 2020, – 5 199 571 7, s’est davantage dégradé. Le CTR explique que cela se justifie par l’exécution des missions de services publics, dont les factures restent impayées depuis 2011, soit un peu plus de 14,3 au titre des exercices 2011 à 2014, mais également des tarifs homologués depuis 1991. Il est à noter que depuis un an, la Campost met timidement en œuvre un plan de restructuration adossé à un contrat-plan qui la liait avec l’Etat pour la période théorique 2019- 2021. Financé à hauteur de 22,87 milliards Fcfa, grâce à concours financier de l’Etat et de la Banque africaine de développement (BAD), ce plan vise à échéance : la restructuration organisationnelle, opérationnelle et technique de la Campost dans l’optique de la mise en œuvre d’une gouvernance saine et compétitive ; la maitrise des charges d’exploitation pour les rendre compatibles avec l’activité ; l’assainissement du bilan et des états financiers ; l’apurement de la dette clients ; le renforcement de ses fonds propres ; le renouvellement et le renforcement de l’outil de production ; la réhabilitation et la revalorisation du patrimoine immobilier ; la formation et le renforcement des compétences techniques et commerciales du personnel ; et l’amélioration des performances de l’entreprise. En principe, il est question pour l’Etat de reprendre en main l’opérateur postal public, assurer son redressement technique et financier et en faire une entreprise performante au service de l’Etat et des usagers. Depuis plusieurs années, l’Etat évoque (sans franchir le pas) la possibilité de confier la mission de régulation à l’Agence de régulation des télécommunications (ART). De plus, si des garde-fous ne sont pas mis par l’Etat, il va être difficile pour la Cameroon Postal Services de développer sa compétitivité et sa capacité d’innovation, surtout face au boom du numérique.
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