Rassurantes mesures d’accompagnement

   La pilule s’annonçait très amère compte tenu de la rareté des ressources d’une part, et du poids devenu intenable des subventions d’autre part. La question de l’augmentation des prix des carburants à la pompe, telle une équation à plusieurs inconnues, était sur la table du gouvernement depuis plusieurs mois. Elle s’est davantage posée avec plus d’acuité avec le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne qui a créé de sérieuses perturbations dans les circuits d’approvisionnement de ces produits issus des importations. Selon certaines indiscrétions, les premières simulations opérées par les services compétents de l’Etat plafonnaient le prix du super à près de 1000 F le litre et tous les autres produits (gaz domestique, pétrole lampant) devraient être impactés. Mais le chef de l’Etat, très au fait des difficultés qu’endurent ses compatriotes, a freiné de quatre fers pour valider ces scénarii. L’on peut subodorer qu’il a instruit le gouvernement à accompagner ces réajustements avec des mesures concrètes de compensation.

Alors que la tendance haussière était devenue presque générale dans plusieurs pays du monde, le Cameroun a pris le temps afin de trouver une option moins brutale. Dans plusieurs pays d’Afrique, l’augmentation des prix des carburants est effective depuis l’année dernière pour certains et depuis le début de cette année pour d’autres. Depuis 2002 par exemple, la Côte d’Ivoire est à sa quatrième augmentation des prix des carburants. Là-bas, le super est actuellement vendu à 755 F le litre. Au Sénégal, les nouveaux prix sont entrés en vigueur depuis le 7 janvier 2023. Le litre du gasoil est passé de 655 à 755 F, alors que le super coûte désormais 990 F contre 890 F avant la hausse. En République centrafricaine, la note est encore plus salée pour les consommateurs. L'essence passe de 865 F à 1 300 F le litre, soit une augmentation de plus de 50%, tandis que le gasoil augmente de près de 70% et passe de 855 F à 1 450 F le litre. Le pétrole subit la plus forte hausse, avec une augmentation de près de 80%. A la pompe, il coûtera désormais 1 150 F le litre, contre 645 F.

Comme on le voit, le gouvernement camerounais a voulu y aller en douce. La volonté de garantir le pouvoir d’achat des ménages est nettement affichée dans le communiqué des services du Premier ministre. Les prix du gaz domestique et du pétrole lampant, deux produits consommés par la majorité des Camerounais restent inchangés. Et contrairement à ce qu’on craignait, on assiste plutôt à une augmentation d’amplitude moyenne des prix du super et du gasoil. Mieux, conscient du fait que la hausse des prix des carburants peut agir directement sur l’augmentation générale des prix, le chef de l’Etat a fait accompagner ces nouveaux réajustements par la revalorisation des salaires agents publics et propose que le SMIG connaisse la même tendance. Une mesure qui vient atténuer le stress des ménages et des travailleurs. Ainsi, malgré la conjoncture internationale défavorable, le président de la République n’a pas voulu abandonner ses concitoyens sur le bord. Ce relèvement de la rémunération des agents publics leur permettra donc d’amortir les chocs charriés par la vie devenue de plus en plus chère. Il n’est pas inutile de souligner que, malgré le caractère insoutenable de l’augmentation des subventions des carburants et en dépit des fluctuations enregistrées sur le marché mondial, le gouvernement n’a pas voulu brutalement abandonner le soutien aux produits pétroliers. Cette politique vise, faut-il le rappeler, à aider les ménages et les populations à revenus faibles de faire face à la vérité des prix dans un contexte caractérisé par la flambée des cours du brut à l’international.

Reste que le gouvernement doit faire jouer la puissance publique pour freiner les ardeurs de certains agents économiques qui seraient piqués par la fièvre inflationniste. En pareille occasion, l’annonce d’une revalorisation des salaires fait pousser des idées à certains commerçants. Il faut donc multiplier les contrôles sur le terrain marché afin de juguler les dérives.
Par Grégoire DJARMAILA


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