Les évêques appellent à préserver la vie humaine,dans un contexte d'homicide
Le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC), Mgr Andrew Nkea (photo), a appelé au respect de la vie humaine dans son discours d’ouverture de la 48e assemblée plénière des évêques, ce 18 avril à Yaoundé. «?Nous lançons ici un appel très fort à tous les Camerounais pour qu’ils cessent de s’entretuer. Nous sommes tous frères et sœurs de la même patrie, et enfants du même Dieu qui est notre père à tous?», a déclaré l’archevêque de Bamenda, réaffirmant la sacralité de la vie humaine.
Cet appel intervient dans un contexte de recrudescence d’homicides au Cameroun. Le dernier fait en date est le drame de Nanga-Eboko (Centre), où six membres d’une même famille ont été assassinés le 5 avril dernier. Les féminicides sont également en nette progression. Selon un décompte du quotidien Le Jour, «?plus de 15 femmes ont été tuées en 52 jours?» dans le pays. Le cas le plus récent est celui d’une enseignante du Lycée bilingue de Mokolo (Extrême-Nord), tuée par son conjoint le 12 avril dernier à la suite d’une dispute conjugale.
«?Au cours des derniers mois, nous avons été très attristés par les diverses exécutions extrajudiciaires qui ont eu lieu dans notre société, au premier rang desquelles le meurtre du journaliste Martinez Zogo à Yaoundé. Les évêques du Cameroun et l’Église catholique universelle ont toujours appelé tous les peuples à respecter la vie humaine, qui est un don de Dieu depuis le moment de la conception jusqu’à sa mort naturelle?», a affirmé Mgr Nkea. Il rappelle que tuer une personne est un péché qui va à l’encontre du 5e commandement du Décalogue, qui stipule clairement que «?Tu ne tueras pas?».
Paix durable
«?Nous prions et espérons que les véritables assassins de nos concitoyens seront clairement identifiés et traduits en justice conformément aux lois de notre pays?», a-t-il ajouté, interpellant par là les autorités publiques. Selon le président de la CENC, la société camerounaise est marquée par «?diverses souffrances?». Il évoque les crises sociopolitiques qui secouent le Cameroun, les difficultés agricoles, l’absence de routes de la ferme au marché, les tueries répétées, la pandémie de Covid-19, la cherté de la vie et autres injustices sociales. «?Dans une telle atmosphère, nous devons continuer à témoigner de notre foi dans un monde qui semble avoir perdu ses repères et qui cède aujourd’hui à toutes les dérives?», a-t-il dit.
Mais dans ce tableau sombre, pointe toutefois une note d’espoir. «?Grâce à Dieu, un calme relatif revient dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Certaines entreprises rouvrent leurs portes et de nombreux enfants retournent à l’école. C’est un grand signe d’espoir, mais la situation d’insécurité reste encore très préoccupante?», tempère-t-il. Malgré les menaces permanentes du groupe terroriste Boko Haram dans l’Extrême-Nord et la crise anglophone, Mgr Andrew Nkea assure de la détermination de l’Église catholique à continuer à prier et à œuvrer pour la paix au Cameroun.
«?Le Cameroun a besoin de prières, c’est très important. Avec la force, on ne peut jamais arriver à la paix, mais avec la prière et l’amour, on peut toujours arriver à la paix (…) Pendant cette conférence, nous allons voir comment on peut continuer à aider notre pays pour retrouver la paix durable?», a-t-il confié à la radio nationale.