Quatre enfants chassés du domicile familial pour échec au Bepc à Douala
Les quatre enfants ont passé la nuit hors de la maison avant de prendre l’engagement lors d’une réunion familiale de ne plus jamais échouer.
Elias Honoré S., 54 ans, cuisinier dans un hôtel de la place, a eu deux fils avec son épouse, Delphine, 42 ans, spécialiste de l’habillement. Ils élèvent en outre deux neveux. Les enfants du couple ont 14 et 15 ans, les neveux 15 et 17 ans. Les quatre adolescents présentaient le Brevet d’études du premier cycle (BEPC) cette année. Une première pour le plus jeune, tandis que les trois autres en étaient à leur deuxième tentative.
Le jour des résultats (tombés vendredi soir) a été jour de déception pour Elias S. Sa maisonnée a pointé un zéro sur quatre, lorsque çà et là dans le voisinage, il entendait monter des cris d’allégresse et des airs de chansons de l’heure.
La pilule a été tellement dure à avaler que le lendemain, 8 juillet, l’homme s’est rendu au centre où ses enfants avaient composé. La consultation des listes lui confirmera le quadruple échec enregistré chez lui. Il rentre à la maison plutôt amer, et ne trouve pas son quatuor d’échoués sur place. Il apprendra qu’ils sont allés jouer au football – en ce jour où Kylian Mbappé foule le sol de Douala. Cette nouvelle n’arrange pas l’humeur de Papa Elias, qui avise une enfant du quartier et l’envoie les chercher.
La gamine revient seule, porteuse d’un message : les garçons disent avoir « un match de championnat » important. Ils ne rentreront à la maison qu’après l’avoir disputé. Elias sent monter sa colère, renvoie l’adolescente au stade avec un message cinglant : si c’est lui-même qui vient les chercher, ça va faire mal. Dans les minutes qui suivent, les garnements s’amènent. Le chef de famille leur passe un savon. Puis leur interdit l’accès à son domicile.
Son épouse, de retour un quart d’heure après les faits, trouve les quatre enfants dehors, les deux plus jeunes en larmes. Son mari l’informe de sa décision et se montre inflexible. Le même soir, Delphine va conduire les enfants chez son frère à Ndogsimbi, où ils passeront la nuit, elle comprise.
Resté seul, Elias met de la musique religieuse à un volume si élevé qu’un maréchal-des-logis voisin s’amène. Le parent déçu raconte tout au gendarme, lequel essaie de le raisonner, tout en lui demandant de baisser son volume. Après une assise familiale, ouverte à ce voisin, les enfants ont été réadmis chez Elias S. mardi. Ils ont pris l’engagement de ne plus jamais échouer.
