[politique]le procureur général de la République en guerre contre les abus des médias sociaux

Luc Ndjodo a dressé un réquisitoire accablant contre certains journalistes et activistes d’internet peu soucieux du respect de la déontologie, de l’ordre public et de la vie privée. Parlant principalement des réseaux sociaux qui bousculent les habitudes, les mœurs et font une immixtion impromptue dans le fonctionnement des institutions publiques et dans la vie privée des personnes physiques, le haut magistrat, tout en reconnaissant l’importance de ces nouveaux médias, a rappelé les dispositions légales particulièrement dissuasives prévues pour sévir contre les contrevenants. En cette occasion particulière, vous voudrez bien me permettre de faire quelques observations sur la préservation de l’ordre public face au défi de la prolifération des médias. À côté des médias classiques que sont la presse écrite, la télévision, la radio, l’affichage et Internet, moyens impersonnels de diffusion d’informations, coexistent les médias sociaux qui sont des applications web permettant la création et la publication de contenus générés par l’utilisateur et le développement de réseaux sociaux en ligne. Aujourd’hui, les médias sociaux sont fortement sollicités et consultés par rapport aux médias classiques. Dans sa publication intitulée : «Comment Google mangera le monde1», Larry Page, l’un des fondateurs de Google, fait remarquer que «ce service de recherche sur le web fait partie du quotidien d’un grand nombre de gens, au même titre que brosser les dents.» Cette affirmation illustre combien il est difficile de nos jours, de mener une vie déconnectée des médias en général et des réseaux de communications électroniques en particulier. Les supports de l’environnement électronique, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) ont envahi la vie sociale au quotidien. Les nouveaux médias bousculent les habitudes et les mœurs, ils s’imposent à la science et sont même pris en compte par les politiques publiques de gouvernance. En témoigne l’évolution du vocabulaire avec des néologismes tels : «Liker, follower, influenceur, youtubeuse, poster, instagrameuse…» La science du droit n’est pas en reste, notamment celle du droit international, laquelle fait surgir une quatrième génération de droits dite droit aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. C’est dire que les médias sociaux sont désormais, aux côtés des médias classiques, une réalité avec laquelle il faut composer. Selon les statistiques rendues publiques par le ministère des Postes et Télécommunications, en janvier 2021, le Cameroun comptait 9,5 millions d’internautes et près de 5 millions d’utilisateurs de réseaux sociaux, 4 millions d’abonnés sur Facebook, 600.000 abonnés sur Instagram, 422.000 abonnés sur Twitter, 200.000 abonnés sur Tik Tok. Cet engouement s’explique par les potentialités indéniables qu’offrent les médias sociaux, lesquels sont devenus des vecteurs incontournables de la communication et des échanges. L’on assiste en effet à l’envahissement des espaces tant publics que privés par les médias sociaux. Ils rejoignent les médias classiques dans l’animation de l’ordre social. Leurs outils concourent à l’efficience de l’action des administrations publiques, grâce notamment à la disponibilité de l’information par voie de stockage, la fiabilité et la sécurisation des données. Ils facilitent la diffusion en temps réel des connaissances, des valeurs et des cultures. Par la diffusion de l’information, ces médias contribuent à l’éducation et la formation des masses. Le droit à la liberté de communication, à la liberté d’expression, à la liberté de presse reconnue aux citoyens par la Constitution2 s’exerce davantage par leur intermédiaire. En outre, les médias sociaux établissent une inter connectivité entre des personnes qui ne se connaissent pas, dispensent les parties prenantes des rencontres physiques. Ainsi, ils contribuent au développement des flux économiques, en favorisant de manière significative la parturition d’une économie planétaire compatible avec les nécessités de l’urgence, grâce à la connectivité élargie offerte aux partenaires d’affaires, la possibilité d’obtenir des prestations en temps réel, et la réduction considérable des frais générés par les transactions commerciales et financières. L’irruption des médias sociaux sur la scène internationale a constitué une véritable révolution. Il est même admis que les analphabètes du 21è siècle seront ceux qui ignorent les applications de ces moyens modernes de communication. La facilitation de l’accès à l’information et à la communication accompagne par conséquent l’exercice des droits fondamentaux de la personne humaine et du citoyen. Elle contribue à leur promotion.


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