Owona nguini : ‹‹ certains veulent instrumentaliser la grève des enseignants ››
Lire l’analyse du vice-recteur à l’université de Yaoundé I, sur la grève des enseignants. Les voilà qui convergent pour instrumentaliser le mouvement social OTS et en faire un cheval de troie insurrectionnel : baronnies ambitieuses, oppositions manipulatrices, lobbies chauvinistes. Les revendications cumulées par les animateurs et supporteurs du mouvement social OTS (on a trop supporté) concernent les problèmes multiples des catégories enseignantes de la maternelle, du primaire et du secondaire (recrutement ; prise en charge salariale et indemnitaires; avancements et promotions ou application des statuts). Ces problèmes révèlent les contraintes fortes auxquelles l’Etat est confronté sont liées à la dispersion organisationnelle des ministères chargés de l’ éducation( éducation de base ; enseignements secondaires; sport et éducation physique; emploi et formation professionnelle) et à la complexité des intervenants dans la chaîne de régularisation de la gestion des personnels enseignants qui inclut d’autres ministères( fonction publique, finances). L’Etat doit aussi faire face au lourd fardeau budgétaire que constitue la gestion des personnels budgétaires , aux lourdeurs des transferts de compétences dans la décentralisation et aux lenteurs dans la gestion des carrières des personnels gérées plus haut). Il est légitime pour les enseignants d’exiger leurs droits et avantages mais en s’inscrivant dans le cadre légal de revendication syndicale et en évitant de devenir les instruments de manœuvres politico-partisanes et politico- policières. En effet des lobbies politiques logés au cœur de l’Etat ou dans des formations d’opposition pensent avoir trouvé le cheval de troie insurrectionnel pour tenter une nouvelle fois de provoquer un mécontentement général, d’où l’entrée en scène des élèves. Bien entendu, il s’agit d’exploiter ce mouvement social pour fabriquer une crise politique multisectorielle permettant de renverser le régime Rdpc-biya-Rdpc. il n’est pas étonnant que les circuits habituels de l’agitation politicienne insurrectionnelle soient très impliquées dans les tentatives de récupération de ce mouvement social. Ce qui peut paraitre intrigant, ce sont les interactions de certains animateurs du mouvement avec des acteurs de certaines baronnies systémiques en intelligence avec des opérateurs d’opposition. La situation est d’autant plus difficile que les dispositifs d’ajustement structurel rendent prioritaires le remboursement de la dette extérieure plutôt que le remboursement de la dette intérieure surtout celle concernant ces catégories de la fonction publique. Enfin dans un contexte serré de gestion des conjonctures de désordre et d’insécurité, les arbitrages politico-financiers ont peu de chances de privilégier des options décisionnelles permettant d’honorer le règlement des 190 à 200 milliards francs CFA dus à ces catégories d’enseignants. Pour commencer à obtenir un début d’apurement de cette dette, les négociateurs que sont les plénipotentiaires des syndicats et du mouvement social doivent tenir compte de ces contraintes et éviter d’être embrigadés par des lobbies politiques. De son cote, pour éviter que ces lobbies de démagogues populistes n’instrumentalisent pas ce mouvement social à des fins déstabilisatrices… l’Etat doit montrer sa volonté d’atténuer la tension en attaquant prioritairement la question des rappels de solde de manière à matérialiser l’intégration des enseignants.