Congrès de l'undp : voici pourquoi maurice kamto n'aurait pas dû s'y rendre
Lire la tribune du web journaliste Michel Biem Tong. Si le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a refusé-et avec raison-de participer à la grande mascarade nationale du 30 septembre au 5 octobre 2019 organisée par Paul Biya pour trouver une solution à la crise anglophone, si en septembre 2018, Maurice Kamto a décliné l’invitation faite par la chaîne de télévision Vision 4 (l’un des tam-tams du parti au pouvoir RDPC) de participer à l’émission Décryptage, c’est bien parce que tout parti politique a une morale et des valeurs qu’il incarne et défend. La participation de Maurice Kamto ce samedi 6 mars 2022 au congrès de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), un parti pas très différent de celui au pouvoir RDPC, est donc des plus surprenantes. L’UNDP (du moins celui dirigé par Bello Bouba) n’a jamais été un parti d’opposition mais un instrument dont Biya et sa bande se servent pour contrôler le Grand Nord, détruire et diviser l’opposition. A sa création en 1991, l’UNDP a charrié de nombreux espoirs au sein d’une bonne frange de la population camerounaise (y compris feu mon père qui en fut un fervent militant) notamment ceux nostalgiques de la période faste de l’ère Ahidjo. A l’issue des législatives de mars 1992, l’UNDP décroche 68 sièges à l’Assemblee Nationale. Au lieu de consolider cet acquis, l’UNDP a signé un accord avec le RDPC en 1997. Un accord dénoncé jusqu’à ce jour par des cadres de ce parti car il n’a profité qu’à Bello Bouba Maigari tout seul. En échange de ce rapprochement « républicain » avec le parti-Etat, Bello Bouba est devenu un inamovible ministre au sein du gouvernement de Paul Biya et l’UNDP n’est plus que l’ombre de lui-même. Face aux partis qui se battent pour un véritable changement au Cameroun, l’UNDP fait figure d’anti-modèle car si le Camerounais a tourné le dos à la chose politique depuis le milieu des années 1990, si les Camerounais ploient sous une dictature insolente et méprisante qui n’a généré que malheur et misère au Cameroun et aux camerounais, c’est à cause de Bello Bouba. Participer à un congrès organisé par ce parti c’est cautionner sa ligne politique qui s’appuie sur (1) le soutien à un régime criminel et diabolique (2) la destruction de toute dynamique unitaire au sein de l’opposition, tant que tout cela contribue à remplir la gandoura de Bello de billets de banque. A moins qu’on veuille nous faire croire que Maurice Kamto est désormais prêt à participer à un congrès du RDPC. Il est bien vrai qu’en politique, on ne parle pas d’ennemis mais d’adversaires. C’est bien beau ces discours angéliques sur le rassemblement, d’ouverture à d’autres partis politiques. Pour les observateurs avisés de la chose politique, cela va de soi. Mais pour le vendeur de beignet-njinja au carrefour Mvog Mbi, pour la bayam-sellam du marché Mokolo ou alors pour le bendskinneur de Douala, dont la culture politique est à un niveau très bas, si le MRC tend déjà la main à l’UNDP, cela suppose que Kamto se rapproche progressivement « des gens de Biya », qu’il fait déjà partie de la majorité présidentielle. D’ailleurs, les courtisans et autres agents doubles du dictateur Biya se sont déjà mis à la tâche sur les réseaux sociaux pour le marteler aux camerounais et ceci est loin d’être anodin. Lors du cinquantenaire de l’armée camerounaise en décembre 2009 à Bamenda, Ni John Fru Ndi, alors leader de l’opposition camerounaise, avait, au nom « de la politique d’ouverture », du « rassemblement entre frères d’une même nation », rencontré Paul Biya en tête-à-tête. La suite on la connaît. Le SDF a presque disparu de la scène politique. Comme quoi, dans le marigot politique camerounais, il est des rapprochements à éviter de peur de le payer cash le moment venu. Surtout face à une opinion politique camerounaise qui prend tout au premier degré. Michel Biem Tong