Les ravisseurs de Régina Elizabeth Mundi réclament pour sa libération, la mise en liberté de 75 combattants séparatistes emprisonnés ainsi qu’une importante rançon. Dans une vidéo visiblement filmée sous la contrainte, l’on a aperçu l’élue locale s’obliger à annoncer sa démission et de déclarer son amour à l’état imaginaire de l’Ambazonie. Régina Elizabeth Mundi, plusieurs fois députée à l’Assemblée nationale et depuis peu sénatrice du Nord-Ouest, sous les couleurs du Rdpc, le parti au pouvoir, a été enlevée le 30 avril 2022 à Foncha Street, un quartier de Bamenda dans la région du Nord-Ouest, aux environs de 12 heures. Le gouverneur de cette région, Adolphe Lele Lafrique Deben Tchoffo, a confirmé l’enlèvement, précisant qu’ « au moment de son rapt, elle était en compagnie de son chauffeur (un certain Mamoudou), lui aussi enlevé à bord de leur véhicule ». Trois jours après, les recherches aussitôt entreprises pour les retrouver n’ont pas porté de fruits. Dans une vidéo postée dimanche, 1er mai 2022 sur les réseaux sociaux, le mouvement armé sécessionniste « Ambazonia defense force » (Adf) a revendiqué le kidnapping. « Pour que la sénatrice retrouve sa liberté, nous exigeons un échange de prisonniers. Le gouvernement camerounais doit au préalable libérer près de 75 séparatistes qui sont en prison », indique l’Adf dans cette vidéo. Selon nos sources, la parlementaire ambitionnait de se rendre dans une cérémonie funéraire du côté de Bafut, lorsqu’elle a été enlevée. Lundi, 2 mai 2022, les autorités camerounaises n’avaient pas réagi à cet enlèvement, qui complète la liste de nombreux d’autres personnalités célèbres de cette partie du territoire, depuis le déclenchement de la crise en octobre 2017. Comme cela est arrivé à la sénatrice, les ravisseurs séparatistes ont l’habitude de demander aux élus locaux enlevés d’annoncer pompeusement leur démission de leurs partis apparentés à la « Republic (Cameroun oriental) » et d’affirmer leur amour, même forcé, à l’Etat imaginaire d’Ambazonie. Ils s’en prennent aussi bien aux politiciens, aux enseignants (coupables à leurs yeux de faire encore vivre l’Etat dans une zone en cours de dés-administration), qu’aux membres du clergé et les étudiants. En plus de l’assassinat de certaines autorités, les demandes de rançon ne sont pas rares, même si assez souvent, le gouvernement affirme n’avoir rien payé. Janvier 2019, Emmanuel Ngafeson, ancien Secrétaire d’État au ministère de la Justice en charge de l’Administration pénitentiaire, avait été enlevé dans sa résidence de Ntabesi, non loin de la ville de Bamenda. Plus tard, une quinzaine d’étudiants de l’Université de Buea avait été kidnappée sur le campus universitaire. On connaît le malheur de Ni John Fru Ndi, les sueurs froides du cardinal Christian Tumi ou encore ces images pitoyables du Pr. Ivo Leke Tambo, président du Conseil d’administration du Gce Board. La crise identitaire dite anglophone a déjà provoqué, selon des Ong, la mort de plus de 3000 personnes et entrainé le déplacement de centaines de milliers d’autres.
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