Les violences contre les professionnels de santé et obstruction à l'accès aux soins

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En 2022, la Coalition de protection de la santé dans les conflits (SHCC - Safeguarding Health in Conflict Coalition) a recensé 1 989 incidents de violence ou d’obstruction aux soins de santé dans 32 pays et territoires en conflit. Par rapport à l’année 2021, les incidents ont augmenté de 45 %. Il s’agit du plus grand nombre d’incidents enregistrés en un an depuis que la SHCC a commencé à recenser ces violences.

Les actes de violences pris en compte comprennent la prise pour cible délibérée des structures de santé au moyen d’engins explosifs, les incendies et pillages de cliniques et d’hôpitaux, les bombardements et les tirs d’artillerie aveugles de zones abritant des structures de santé, les arrestations et les kidnappings de soignant·e·s, ainsi que les menaces à leur encontre, et enfin, l’obstruction délibérée à l’accès des patients aux soins de santé. Cette recrudescence dramatique est survenue alors que des dizaines de millions de personnes vivant des pays et des territoires touchés par des conflits ont déjà souffert de la guerre, des déplacements et d’un manque criant de nourriture et d’autres besoins essentiels.

Le rapport complet inclut les profils des 16 pays et territoires où au moins 15 incidents de violence contre les soins de santé ont été signalés. Les profils des pays mettent en évidence l’ampleur des formes de violences affectant la prestation de soins de santé dans les contextes de conflits. Ce rapport couvre uniquement Mali. Pour accéder au rapport complet en anglais, cliquez ici.

782 incidents de violences contre les soins de santé ont été enregistrés en Ukraine à la suite de l’invasion massive de la Russie et 271 incidents au Myanmar après le coup d’état en février 2021. De tous les pays figurant dans ce rapport, ce sont les chiffres les plus élevés. Cumulés, ces incidents rapportés dans des contextes de conflits particulièrement violents, représentent la moitié des incidents ayant affectés les soins de santé en 2022. Les violences contre les soins de santé ont continué avec la même intensité dans les pays en proie à des conflits prolongés, notamment l’Afghanistan, la République Démocratique du Congo (RDC), le Nigéria, le Sudan du Sud, les Territoires palestiniens occupés, et le Yémen. Plus d’un quart des incidents ont été rapportés dans ces pays et ces territoires.

Données

Les données utilisées dans ce rapport sont compilées à partir de données en libre accès et de contributions d’agences/de partenaires sur les incidents de violences et d’obstruction aux soins de santé en 2022, selon la définition de l’OMS d’une attaque contre les soins de santé. L’accès aux sources varie selon les pays, et chaque source a ses forces et ses faiblesses spécifiques. Vous pouvez télécharger l’ensemble des données du rapport sur le portail de l’Humanitarian Data Exchange (HDX), où des données mondiales et nationales sont accessibles.

Par rapport à 2021, on constate pour 2022 une diminution des incidents signalés en République centrafricaine (RCA), en Ethiopie et en Syrie. A l’inverse, une augmentation des incidents est survenue dans certains pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, notamment au Burkina Faso, au Cameroun et au Mali. En 2022, en raison de l’instabilité politique, les arrestations de soignant·e·s ont augmenté de façon dramatique en Iran et se sont poursuivies au Myanmar et au Soudan. Les programmes de vaccination ont fréquemment été la cible d’attaques en Afghanistan et au Pakistan et des violences ont également eu lieu au Mali, au Nigéria, au Soudan du Sud et au Soudan.

Tout comme les années précédentes, le nombre d’incidents de violences mentionné dans ce rapport est certainement largement sous-estimé car la collecte de données est entravée par l’insécurité, les obstacles dans la communication et la réticence des instances à partager des données sur les violences. Dans de nombreux pays, les pillages, les menaces adressées au personnel de santé et l’obstruction à l’accès des patients aux soins sont des événements si communs qu’ils sont rarement signalés. En conséquence, des pays comme la Colombie, l’Ethiopie et la Somalie n’ont pas de chapitre dédié dans ce rapport alors que de nombreux actes de violences contre les soins de santé y ont probablement été commis. Enfin, en Afghanistan et ailleurs, l’impact sexospécifique des violences contre les soignant·e·s, notamment dans les cadre de la santé reproductive, demeure largement passé sous silence.

Recommandations

Les incidents de violences rapportés par la SHCC en 2022 ont été commis en toute impunité. S’il est important de documenter ces incidents, de nouvelles mesures efficaces doivent être prises pour prévenir les violences contre les soins de santé et obliger les auteurs de ces actes à en rendre compte.

                                   Source : relief web


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